UBS France : à nouveau, la lanceuse d’alerte affronte son ex-employeur

Jeudi 22 janvier 2015

Justice vendredi 23 janvier 2015

UBS France : à nouveau, la lanceuse d’alerte affronte son ex-employeur

Par Catherine Dubouloz paris

L’ancienne salariée a affronté son ex-employeur devant le Conseil des Prud’hommes de Paris. Les juges devront se prononcer sur des accusations de harcèlement et une indemnité financière

Dans le bras de fer auquel se livrent UBS France et son ex-responsable du marketing, Stéphanie Gibaud, une nouvelle manche s’est jouée jeudi devant le Conseil des Prud’hommes de Paris. Ce volet de l’affaire se déroule en parallèle de l’instruction pénale en cours, portant sur des soupçons d’évasion fiscale. Les juges doivent dire s’ils reconnaissent que l’ancienne salariée a été victime de harcèlement. Ils doivent aussi se prononcer sur le montant des dommages et intérêts demandés en réparation du « calvaire » et des « humiliations » que Stéphanie Gibaud affirme avoir subis, pour reprendre les termes utilisés par son avocat, William Bourdon, défenseur de plusieurs lanceurs d’alerte français.

Les fronts et les positions sont clairs. Durant de longues années, Stéphanie Gibaud a organisé des événements promotionnels, sportifs comme des tournois de golf, ou culturels – des concerts, par exemple. Ces manifestations étaient l’occasion pour les chargés d’affaires et leurs clients de conforter leurs liens. Devant les juges, comme dans un livre pour lequel elle est attaquée en diffamation, Stéphanie Gibaud explique que sa descente aux enfers a commencé en 2008, après l’arrivée d’une nouvelle supérieure, lorsqu’elle a refusé l’ordre de détruire ses fichiers de travail. Ceux-ci étaient susceptibles de contenir des preuves : selon l’ex-salariée, ils comprenaient des listes de clients et de chargés d’affaires, suisses notamment, invités en France pour démarcher illégalement des grandes fortunes.

De son côté, UBS France conteste aussi bien les faits que lui reproche Stéphanie Gibaud devant les Prud’hommes (l’ordre de détruire les fichiers informatiques et le harcèlement en particulier) que ceux qui lui valent une mise en examen pour complicité de démarchage illicite. En parallèle, la maison mère, UBS AG, a été mise en examen pour démarchage illicite, ainsi que pour blanchiment aggravé de fraude fiscale ; l’automne dernier, elle a dû verser une caution record de 1,1 milliard d’euros.

[…] Nicole Marie Meyer, ainsi que des représentants de la CGT, étaient présents à l’audience pour soutenir Stéphanie Gibaud. Pour les syndicalistes, elle représente un symbole de la lutte contre l’évasion fiscale et des difficultés que rencontrent les employés dénonciateurs de pratiques peu scrupuleuses. Comme les syndicats, les ONG se battent contre un amendement de la nouvelle loi Macron « pour la croissance et l’activité » : il introduit une protection du secret des affaires et prévoit de punir ceux qui révèlent des informations protégées. Lire la suite.

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