Critique La face sombre du marché de l’antiquité
Par David Carzon — 2 septembre 2016 à 20:01
Un documentaire diffusé mardi donne à voir les pratiques les plus troubles qui gangrènent la profession.
Ecrit par notre collaborateur Emmanuel Fansten et réalisé par Tania Rakhmanova pour Arte, le documentaire Trafic d’art, le grand marchandage, qui sera diffusé mardi soir, s’ouvre sur une histoire incroyable et emblématique des courants qui font tanguer le marché de l’antiquité…
[…] Ports francs
Tous les aspects les plus limites du marché de l’art sont contenus dans cette histoire : biens spoliés, négociations troubles, milieu tout aussi trouble des antiquaires, bras de fer diplomatique… En la matière, il est de bon ton de surtout fermer les yeux. Le grand mérite de ce documentaire est de nous les ouvrir et de détailler les moyens d’obtenir et de blanchir des objets, cibles des désirs de collectionneurs prêts à ne pas être très regardants sur l’origine de certaines pièces pour en jouir de manière exclusive.
A travers le témoignage d’un des plus grands marchands d’art d’Europe, on découvre - effaré - le fonctionnement des ports francs, ces paradis fiscaux parfaitement légaux situés pourtant en plein cœur de l’Europe. Les directives ou conventions mises en place entre les pays et le désintérêt politique sur ces questions cruciales paraissent bien insuffisants pour enrayer la troisième source de trafics illégaux au monde. D’autant que les guerres et autres instabilités politiques favorisent l’émergence d’un marché noir. Le documentaire nous emmène ainsi à Gaziantep, en Turquie, sur les traces d’un trafic d’antiquités qui pourrait être alimenté par l’Etat islamique. Les saccages de Palmyre et autres sites archéologiques laissent planer les soupçons d’un marché noir susceptible de transformer la culture en arme de guerre. Lire la suite.