Bernard Squarcini, l’éternel second rôle du renseignement d’affaires

Lundi 21 novembre 2016

INTELLIGENCE ECONOMIQUE - Publié le 16/11/2016

Bernard Squarcini, l’éternel second rôle du renseignement d’affaires

« Monsieur bons offices » de la Sarkozie avant même sa reconversion dans le privé, l’ancien directeur du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, s’est également mêlé d’économie. Moins à l’aise dans les tours de la Défense que dans les restaurants corses de la capitale, l’ancien chef du renseignement intérieur s’est malgré tout retrouvé impliqué, souvent comme second couteau, dans presque tous les importants affrontements qui ont mobilisé les grands groupes européens ces dernières années.

Si son entregent politique est actuellement passé au peigne fin par les juges d’instruction Serge Tournaire et Aude Buresi (lire ici et là), qui l’ont mis en examen le 28 septembre pour « violation du secret de l’enquête », « trafic d’influence » et « détournement de fonds publics », son activité d’enquêteur d’affaires est jusqu’ici resté dans l’ombre. Or les documents saisis pêle-mêle le 8 avril par les fonctionnaires de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à son domicile parisien se lisent comme un précipité des grandes batailles qui mobilisent le renseignement d’affaires européen.

Les policiers ont en effet retrouvé des pièces portant sur le groupe de luxe LVMH et son concurrent Hermès, sur le Congo-B, mais aussi sur le géant du service aux collectivités Veolia et même sur l’oligarque Dmitri Rybolovlev. Autant de pièces d’un puzzle dont la clé réside non pas dans la procédure judiciaire, ni même dans le parcours de Bernard Squarcini lui-même, mais dans les multiples guerres que se livrent, par consultants interposés, grandes fortunes européennes, dirigeants africains et oligarques en exil. Les batailles de prétoires ne constituent bien souvent que la partie émergée de ces gigantesques bras de fer : pour nourrir les procédures, une multitude de consultants privés œuvrent dans l’ombre. Ce sont les mêmes qui épaulent, en sous-main, le développement des grands groupes européens et renseignent les dirigeants étrangers et les grandes fortunes sur les affaires qui les menacent.

Pour alimenter leurs clients, ces professionnels du renseignement d’affaires mobilisent une armada de sous-traitants, parmi lesquels figure, régulièrement, Bernard Squarcini. Même si celui-ci a souvent le plus grand mal à se hisser au niveau de professionnalisme de ses commanditaires : durant sa - courte - carrière d’enquêteur d’affaires, il persistera à utiliser une adresse Gmail non cryptée et gardera tous ses documents les plus confidentiels chez lui, dans une armoire, au mépris des règles les plus élémentaires de confidentialité…

Les dossiers dans lesquels est intervenu l’ancien chef du renseignement intérieur offrent un spectre assez complet des situations gérées par les professionnels du renseignement d’affaires : soutien lors d’une bataille capitalistique, opérations d’influence pour un Etat étranger, recueil d’informations privilégiées dans le cadre d’un litige juridique, renseignements sur un partenaire commercial, etc. Lire la suite.

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