ABB impliqué dans un procès pour corruption

Vendredi 27 novembre 2015 — Dernier ajout vendredi 22 septembre 2017

ABB impliqué dans un procès pour corruption

Suisse Le procès de trois Russes et d’un Français accusés de corruption s’ouvrira lundi devant le Tribunal pénal fédéral.

Deux des prévenus, ex-cadres du géant ABB, sont suspectés d’avoir versé des pots-de-vin aux deux autres, qui travaillaient pour le géant russe Gazprom. Les reproches de corruption sont liés à des commandes de turbines pour des stations de compression de l’oléoduc reliant la presqu’île de Yamal en Sibérie à l’Allemagne, en passant par la Biélorussie et la Pologne.

L’acte d’accusation du procureur fédéral Urs Köhli révèle que le géant ABB avait, à la fin des années 1990, développé une stratégie pour établir des contacts avec des cadres de Gazprom afin de vendre au géant russe des turbines fabriquées Siemens Industrial Turbomachinery , une des sociétés du groupe ABB établies en Suède.

De Chypre à Jersey

Dès 1998, les deux ex-cadres auraient évoqué le versement de commissions occultes. Comme les deux fonctionnaires de Gazprom avec qui ils étaient en contact ne disposaient pas de comptes à l’étranger, l’un des prévenus s’était rendu à Chypre pour y acquérir une société-écran et organiser le versement des pots-de-vin, notamment sur un compte en Suisse, au nom de cette firme.

Après qu’ABB avait décroché le contrat, d’une valeur totale de 170 millions de dollars, dont 60 millions pour les turbines, des versements destinés à de prétendus travaux de conseil s’étaient succédé jusqu’en 2006, prenant le chemin de Chypre, de Jersey ou des Iles Vierges.

Au total, les commissions occultes versées aux deux cadres de Gazprom, qui ont atterri sur des comptes bancaires en Suisse, se chiffrent à près de sept millions de dollars, selon l’acte d’accusation.

CEO impressionné

Après avoir travaillé au Crédit Lyonnais, le principal accusé était entré au service d’ABB en 1995 où il avait été employé au siège principal. D’abord responsable des projets du groupe pour l’Europe de l’Est et la Russie, il avait ensuite été envoyé à Moscou où il était parvenu à redresser la filiale russe d’ABB, ce qui selon l’acte d’accusation avait impressionné Percy Barnevik, à l’époque CEO d’ABB, relève l’acte d’accusation.

Ce sexagénaire, domicilié en France, répond de corruption active d’agents publics étrangers et de faux dans les titres. Il aurait touché des profits indus pour un montant de plus d’un million de dollars. Celui qui fut son adjoint, un Russe domicilié à Moscou, est lui aussi accusé de corruption et a également touché des avantages indus pour près d’un million de dollars.

Les deux autres prévenus répondent de corruption passive d’agents publics étrangers, l’un d’eux est en outre renvoyé pour blanchiment. L’ouverture du procès avait été retardée de plusieurs mois après la décision du TPF, en juillet dernier, de renvoyer l’acte d’accusation au MPC. Les magistrats de la Cour des affaires pénales de Bellinzone l’avaient jugé trop lacunaire et avait demandé au procureur Urs Köhli de le compléter.

(ats/nxp)

(Créé : 27.11.2015, 06h50)

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