Le volet américain du dossier Halliburton bientôt instruit à Washington

Vendredi 18 mai 2007

Le volet américain du dossier Halliburton bientôt instruit à Washington.

CORRUPTION Un officiel du département de la Justice devrait rencontrer le juge Van Ruymbeke

Eric Decouty [08 septembre 2004]

Le juge Renaud Van Ruymbeke ne procédera probablement jamais à l’audition de Dick Cheney, vice-président des Etats-Unis et candidat à la réélection.

Le magistrat qui instruit le dossier de « corruption d’agents publics étrangers » impliquant notamment la société américaine Halliburton - que Cheney présida de 1995 à 2000 - et la société française Technip, lors de la construction d’un complexe gazier au Nigeria, pourrait prochainement abandonner le volet de l’enquête qui concerne les Etats-Unis. Depuis quelques semaines, les autorités judiciaires françaises et américaines ont multiplié les échanges visant à organiser une répartition des tâches. Dans cette perspective, Peter Clark, le haut fonctionnaire du ministère de la Justice en charge des dossiers visant Halliburton à Washington, devrait rencontrer courant octobre à Paris le juge Renaud Van Ruymbeke. Ce dernier a mis au jour un vaste système de corruption internationale présumée, organisée autour de Kellog Brown and Root (KBR), filiale d’Halliburton.

Entre 1995 et 2002, KBR associée à la française Technip, à l’italienne Snamprogetti et à la japonaise JGC dans un consortium baptisé TSKJ, aurait indûment versé 150 millions de dollars à Jeffrey Tesler, un avocat britannique. Mis en examen pour « corruption d’agent public étranger », celui-ci est soupçonné d’avoir ensuite redistribué tout ou partie de l’argent. Les investigations menées par Van Ruymbeke ont d’ailleurs révélé que Jeffrey Tesler avait versé plusieurs centaines de milliers de dollars à Jack Stanley qui était PDG jusqu’en janvier dernier de KBR, ainsi qu’à un autre haut cadre de la firme, William Chaudan (nos éditions du 1er juin). Devant ces révélations venues de Paris, la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, a ouvert une enquête, suivie par la section du département de la Justice chargée des violations de la loi anticorruption, où le dossier était confié à Peter Clark.

En réponse à cette triple offensive judiciaire, Halliburton a annoncé publiquement mener sa propre enquête sur le dossier nigérian et reconnu courant juin avoir « les preuves » que Stanley avait touché « des bénéfices personnels injustifiés ». La semaine dernière, dans un autre communiqué, la firme a précisé avoir découvert qu’une « dizaine de représentants du consortium (TSKJ) avaient envisagé de verser des commissions occultes à des représentants nigérians afin d’obtenir un marché ». Mais la porte-parole s’empressait d’indiquer qu’« aucun élément de l’enquête ne permet d’établir que Dick Cheney était au courant de comportements illicites ».

De multiples notes attestant de tentatives, avérées ou non, de corruption auraient ainsi été retrouvées dans les archives de la compagnie. Ces éléments, qui seraient déjà entre les mains de la justice américaine, pourraient être bientôt communiqués au juge Van Ruymbeke par les avocats parisiens d’Halliburton. Outre des personnalités liées à la société américaine, ces documents mettraient en exergue l’implication d’autres acteurs liés à Technip.

Le juge français devrait être amené à communiquer une partie de sa procédure aux Etats-Unis afin de se concentrer sur le volet strictement français de ce premier dossier de corruption internationale instruit à Paris.

La prochaine rencontre entre Renaud Van Ruymbeke et Peter Clark pourrait concrétiser cette hypothèse.

Du coup la perspective d’une mise en cause du vice-président Dick Cheney, en sa qualité d’ex-PDG de Halliburton, officiellement envisagée par le parquet de Paris (nos éditions du 20 décembre 2003) semble désormais s’éloigner.

© Le Figaro.

Publié avec l’aimable autorisation du journal Le Figaro.

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