par Lucie Alexandre publié aujourd’hui à 7h05
Les fourmis sont partout. Sur la couverture en carton, dissimulées de façon aléatoire dans les pages, parfois isolées comme des coquilles d’impression, des lettres qui se baladeraient hors du texte, ou encore agrégées pour former des mots et des formes. Le petit insecte noir symbolise l’ambition collective d’un ouvrage qui paraît vendredi 6 juin, l’espoir dans la force d’une multitude, même composée d’individualités minuscules, contre un pouvoir surplombant qui tient en un nom.
Coédité par une cinquantaine d’éditeurs indépendants, le livre Déborder Bolloré se veut une prolongation de la campagne « Désarmer Bolloré », qui rassemble depuis cet hiver les initiatives de différentes organisations syndicales, antifascistes, féministes, et écologistes, elle-même censée poursuivre la lutte engagée l’été 2024 pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir lors des législatives anticipées. Cette fois, l’accent est mis sur « son emprise croissante sur la culture, l’information, et le débat public », notamment le monde de l’édition, territoire récent de conquête de l’homme d’affaires réactionnaire, où sa mainmise a pu avoir lieu de façon moins retentissante, mais plus pernicieuse que dans les médias.
« Comment le capitalisme flingue l’édition »
« Il appartiendra aux historiens du futur de dire si ces plans de conquête de l’opinion par tous les moyens ont abouti ou ont été abandonnés en cours de route, mais le passage du groupe Hachette des mains de la famille Lagardère aux mains du clan Bolloré a constitué un changement majeur, et même une rupture, à l’intérieur du paysage éditorial français », écrit l’historien spécialiste de l’édition Jean-Yves Mollier, dans la deuxième contribution du livre, qui en compte 17. Lire la suite.