EXCLUSIF. Edouard Levrault, le juge qui accuse Monaco

Mercredi 23 octobre 2019

EXCLUSIF. Edouard Levrault, le juge qui accuse Monaco

Evincé cet été de son poste en Principauté, le magistrat français Edouard Levrault se confie pour la première fois. Il dénonce les pressions, les lenteurs et les coups bas. Et il appelle à une réforme profonde.

Par Mathieu Delahousse et Vincent Monnier Publié le 23 octobre 2019 à 07h00

« J’ai réalisé qu’à Monaco la justice devait être une institution qui arrange, et non qui dérange », résume Edouard Levrault. Costume impeccable, des cheveux mi-longs qui accentuent un air un peu juvénile et, à la main, un casque de moto décoré d’autocollants, l’homme qui a fait trembler le Rocher s’exprime avec gravité. Le 24 juin, il apprenait qu’il n’était pas reconduit à son poste de juge d’instruction en Principauté.

Aujourd’hui, il sort de son silence dans « l’Obs » et paraît soulagé de délivrer sa parole, de raconter l’engrenage qui a conduit à son éviction, les pressions subies, ses doutes, sa volonté de défendre son indépendance jusqu’au bout.

« J’ai servi d’alibi pour justifier à quel point la justice pouvait être indépendante à Monaco. Ce fut de courte durée car, en me limogeant, il a été démontré combien cette indépendance, même dans ses apparences, avait aussi ses limites… » analyse-t-il. Personne n’avait dénoncé le système judiciaire monégasque avec une telle force depuis le magistrat Charles Duchaine, auteur en 2002 d’un brûlot intitulé « Juge à Monaco ».

Ce livre, Edouard Levrault l’avait pourtant lu. Tout comme le fameux rapport parlementaire datant de 2000 qui décrivait la Principauté comme un nid de conflits d’intérêts concentrés sur 2 kilomètres carrés. « J’ai cru en une évolution des autorités monégasques sur ce point, c’est-à-dire la possibilité d’exercer enfin pleinement des fonctions d’instruction conformes Lire la suite.

Revenir en haut