Agence France-Presse 17 octobre 2025 à 21h13
Un jury populaire new-yorkais a reconnu vendredi la banque française BNP Paribas complice d’exactions au Soudan, en ayant concouru à des transactions commerciales dont les recettes ont financé l’armée et les milices du régime d’Omar el-Béchir.
Les jurés ont décidé que l’établissement était responsable pour chacun des trois plaignants qui avaient initié ce procès au civil et leur ont attribué des dommages et intérêts de 20,75 millions de dollars au total.
Il s’agit de trois ressortissants soudanais, deux hommes et une femme sans relation familiale, désormais citoyens américains.
Ils ont raconté avoir été emprisonnés, torturés, battus, brûlés avec des cigarettes, lacérés au couteau, par des soldats soudanais et des miliciens Janjawid - déployés et équipés par Khartoum - tandis que leurs biens ont été volés ou détruits.
Le jury composé de huit personnes a octroyé 7,3 millions de dollars à Entesar Osman Kasher, 41 ans, incarcérée et violée à de multiples reprises, selon son témoignage.
Abulgasim Suleman Adballa, né en 1976, agriculteur et éleveur avant de fuir son pays d’origine, et Turjuman Ramadan Turjuman, né en 1959, juge puis avocat des droits humains, doivent recevoir respectivement 6,7 et 6,75 millions.
La banque française, active au Soudan de la fin des années 1990 à 2009, a fourni des lettres de crédit dans le cadre de contrats commerciaux (import-export). En cas de défaut de l’acheteur - ce qui n’est jamais arrivé, d’après elle -, le vendeur était sûr de récupérer ses fonds.
Lors de ce procès qui a duré plus d’un mois, BNP Paribas avait fait valoir que sa responsabilité n’avait pas été démontrée et que le régime d’Omar el-Béchir aurait commis les mêmes exactions si elle n’avait pas produit ces lettres de crédit.
Omar el-Béchir a dirigé le Soudain d’une main de fer durant trois décennies avant sa destitution, en 2019.
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