[Enquête] La France a soutenu l’apartheid : l’assassinat de Dulcie September

Vendredi 6 juin 2025

Le 29 mars 1988, Dulcie September, une militante sud-africaine, figure de la lutte anti-apartheid, était assassinée en plein Paris. Retour sur un meurtre qui jette une lumière crue sur les relations de la France avec le régime raciste alors en place en Afrique du Sud.

Martin Jamet, Mike Strachinescu, Rosa Moussaoui

Publié le 6 juin 2025

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Paris, 10ᵉ arrondissement, rue des Petites écuries. Une petite voie, située à deux pas du métro Château d’Eau. C’est ici qu’a été assassinée, le 29 mars 1988, Dulcie September, une militante sud-africaine, figure de la lutte anti-apartheid. Cinq balles silencieuses tirées à bout portant, dans la tête et dans la nuque, devant la porte de son bureau au 4ᵉ étage de cet immeuble.

Dulcie September était alors en pleine investigation sur les relations troubles entretenues par la France et l’Afrique du Sud.

Elle enquêtait sur le trafic d’armes illégal et la collaboration nucléaire entre les deux pays et se savait menacée. Une enquête bâclée, un non-lieu quatre ans plus tard et un crime politique toujours non élucidé, 35 ans après. Une chose est certaine, cette combattante acharnée embarrassait la France et l’Afrique du Sud. Aujourd’hui, sa famille est toujours engagée dans un combat pour faire reconnaître une défaillance de la justice française dans le dossier. Et obtenir justice et vérité sur ce crime d’Etat, commandité par les services secrets sud-africains avec des complicités françaises.

Un âpre combat judiciaire

Plus de 35 ans après l’assassinat de Dulcie September, sa famille n’abdique pas et mène un âpre combat judiciaire pour obtenir la vérité. Suite au refus de la justice d’ouvrir de nouvelles investigations après une nouvelle plainte en 2019 – sous motif de prescription – la famille a engagé une nouvelle procédure en 2021 contre l’État français. Elle l’accuse de « faute lourde » et de « déni de justice » dans le traitement de l’affaire et le non-lieu prononcé en 1992.

Déboutés en première instance, les neveux et nièces de Dulcie September ont fait appel. Durant la dernière audience, qui s’est tenue en avril dernier, l’avocat a une nouvelle fois défendu l’idée selon laquelle l’assassinat de Dulcie September relevait du crime d’apartheid, défini dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale comme crime contre l’humanité, et donc imprescriptible. L’arrêt de la cour d’appel sera rendu le 10 juin prochain.

L’Humanité

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