Journaliste tuée à Malte en 2017 : deux complices condamnés

Vendredi 6 juin 2025

Deux hommes ont été condamnés jeudi soir à Malte pour avoir fourni l’explosif utilisé dans le meurtre en 2017 de la journaliste Daphne Caruana Galizia, qui avait secoué le pays et l’opinion internationale.

Agence France-Presse 6 juin 2025 à 14h50

Deux hommes ont été condamnés jeudi soir à Malte pour avoir fourni l’explosif utilisé dans le meurtre en 2017 de la journaliste Daphne Caruana Galizia, qui avait secoué le pays et l’opinion internationale.

Robert Agius, 41 ans, et Jamie Vella, 42 ans, ont été reconnus coupables de complicité dans l’homicide de la journaliste d’investigation de 53 ans pour avoir fourni l’explosif de catégorie militaire qui avait fait détoner sa voiture près de son domicile.

Leur peine devrait être prononcée en début de semaine prochaine. Les procureurs ont requis, à l’issue d’un procès de six semaines, la réclusion à perpétuité.

Daphne Caruana Galizia, une des journalistes les plus renommées de Malte, avait été assassinée dans un attentat à la voiture piégée près de son domicile le 16 octobre 2017.

Deux tueurs ont été reconnus coupables du meurtre et condamnés à 40 ans de réclusion, tandis qu’un troisième a reçu une peine réduite à 15 ans d’emprisonnement en échange de son témoignage.

Le meurtre de la journaliste, qui décrivait dans ses articles le copinage et les scandales de l’élite politique et économique maltaise, avait suscité une indignation internationale.

De grandes manifestations avaient eu lieu à Malte contre l’ex-Premier ministre Joseph Muscat, accusé de protéger ses amis et ses alliés lors de l’enquête, jusqu’à être poussé à la démission en décembre 2019.

Une enquête publique parue en 2021 n’avait trouvé aucune preuve d’implication de l’Etat dans l’assassinat de Daphne Caruana Galizia, mais avait conclu que le gouvernement avait entretenu un « climat d’impunité » pour ceux qui voulaient la réduire au silence.

Pour la famille de la journaliste, la condamnation de jeudi soir est « un pas » supplémentaire « vers la justice ». « Mais huit ans après l’assassinat brutal de Daphne, les défaillances institutionnelles qui ont rendu possible son meurtre n’ont toujours pas été accordées ni résolues », a-t-elle souligné dans un communiqué.

Le procès de l’homme d’affaires Yorgen Fenech, ancien proche du gouvernement de Joseph Muscat, soupçonné d’avoir mandaté le meurtre, est toujours attendu.

Il a été arrêté en novembre 2019 à bord de son yacht alors qu’il tentait de quitter Malte. Il a ensuite été libéré sous caution en janvier 2025, et aucune date n’a encore été fixée pour son procès.

Pour Reporters sans Frontières (RSF), la condamnation de jeudi soir « constitue un progrès indéniable dans la quête de justice », a écrit vendredi l’ONG dans un communiqué, qui appelle à une « condamnation rapide (…) du commanditaire de l’assassinat. »

Par ailleurs, « le gouvernement doit enfin mettre en œuvre les recommandations relatives à la sécurité des journalistes et à la liberté de la presse issues de l’enquête publique » de 2021, estime RSF.

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Agence France-Presse

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