Par Nessim Aït-Kacimi Publié le 11 oct. 2023 à 12:28 Mis à jour le 11 oct. 2023 à 13:05
Costume gris, cravate rouge, Gary Wang, le cofondateur de la plateforme d’échange de cryptos FTX et responsable de la technologie, a livré la première estocade lors du procès de Sam Bankman-Fried (SBF). Nerveux - il risque 50 ans de prison - il n’a pas échangé un regard avec son ancien ami, rencontré dans sa jeunesse lors d’un stage d’été réservé aux étudiants doués en mathématiques. Il a été formel sur le rôle de chef d’orchestre de SBF dans cette immense fraude supposée de l’univers des cryptos.
C’est bien SBF qui a exigé de modifier le code d’informatique de la plateforme afin que sa firme de trading Alameda Research (lancée en 2017) puisse piocher allègrement dans les comptes des clients et ce dès l’année de création de FTX en 2019, affirme Gary Wang. Cet argent emprunté sans leur accord et à leur insu a alimenté les paris spéculatifs de plus en plus risqués de la firme de trading, détenue à 90 % par SBF et 10 % par Gary Wang. Elle a pu emprunter jusqu’à 65 milliards de dollars à FTX sans règles, contrôles, ni actifs apportés en garantie (collatéral).
Très endettée, elle aurait aussi puisé dans les comptes des clients de FTX pour rembourser ses créanciers. En septembre 2022, deux mois avant l’implosion du groupe, SBF aurait envisagé de fermer Alameda Research du fait des accusations de conflits d’intérêts avec FTX. La firme de trading avait un accès privilégié et des avantages quand elle traitait sur la plateforme du groupe, estimaient certains traders et concurrents. Mais elle devait alors 14 milliards de dollars à FTX selon Gary Wang. Caroline Ellison, dirigeante d’Alameda, lui aurait livré ce chiffre alarmant. SBF renonça à cette fermeture du fait de ces pertes trop élevées, impossibles à éponger. Il comptait sur les prouesses de son ancienne petite amie pour redresser la machine à cash des cryptos dans les mois suivants. Lire la suite.