par Arthur Sarradin, Envoyé spécial en Syrie publié aujourd’hui à 5h48
« Répète ça devant ma fille ! Ose ! » hurle une femme en tenant le bras d’une fillette d’une dizaine d’années. « J’ai dit qu’ils étaient morts ! rétorque un homme, taqiyah blanche vissée sur le crâne, en désignant des portraits d’hommes, femmes, et enfants accrochés là. Ceux qui le devaient sont revenus. Inutile de faire croire des chimères à ta fille. » Des femmes autour s’indignent, dressent des index accusateurs. « Imbécile ! reprend la mère. “Disparus” veut dire qu’on doit nous les rendre, qu’on se bat pour la vérité. Redis qu’il n’y a rien à chercher, et je t’éclate le portrait de mon mari sur le crâne ! Compris ? » La dispute a éclaté sous une tente sur la place centrale de Deraa, dans le sud de la Syrie. Ghina, comme la trentaine de femmes qui dresse des tonnelles pour fuir le soleil à son zénith, est venue de Damas, à 100 km. Elle accompagne l’Association des prisonniers de la révolution syrienne pour accrocher ces portraits de disparus dans les geôles de Bachar al-Assad. Lire la suite.