Violences policières, sociales et institutionnelles

Le vrai visage de l’extrême centre

Lundi 11 novembre 2024

« Les extrêmes se rejoignent. » Combien de fois a-t-on entendu des tenants de la fameuse — ou fumeuse — « théorie du fer à cheval » s’inquiéter d’une convergence des radicalités ? Mais, alors que l’actuel chef de l’État comptait au nombre de ces vigies républicaines, son camp gouverne désormais avec le soutien tacite du Rassemblement national. Une commune brutalité explique ce rapprochement.

par Alain Deneault

NOVEMBRE 2024 Page 20 en kiosques

En refusant de confier le nouveau gouvernement à la majorité relative formée par la gauche unie à l’Assemblée nationale, le président français, M. Emmanuel Macron, a trahi son aversion pour les revendications sociales et confirmé le peu de cas qu’il fait de l’expression populaire. En se concertant plutôt avec le Rassemblement national (RN) pour appeler le conservateur Michel Barnier au poste de premier ministre, il a révélé ce qu’ont en commun « les extrêmes », ici l’extrême centre et l’extrême droite, à savoir un fort appétit pour la violence.

C’est par d’inouïs efforts de relations publiques que M. Macron est parvenu à proclamer modéré le parti d’extrême centre qu’il incarne. Des médias détenus par les milieux d’affaires qui le sponsorisent et dont il est lui-même issu s’assurent de faire passer pour « centristes » tous ceux qui colportent son programme : ceux-là sont alors dits péremptoirement rationnels, raisonnables, responsables, pondérés, sensés, voire normaux. Tout acteur public ou citoyen qui s’opposera à la vulgate ainsi magnifiée risquera les attributions inverses : irresponsable, déraisonnable, paranoïaque, rêveur, dangereux, voire fou. Depuis 2017, des endoctrineurs à la petite semaine estampillent sans relâche ces qualifications de part et d’autre, de sorte qu’elles relèvent de l’évidence.

Or l’extrême centre est un extrémisme. Écocide est son programme industriel, inique sa conception de la vie sociale et autoritaire son approche managériale. L’extrême centre a une fixation, un programme à défendre coûte que coûte : garantir la croissance des entreprises et l’augmentation des dividendes versés à leurs actionnaires ; faciliter l’accès aux paradis judiciaires et fiscaux ; rendre précaire le travail ; réduire l’écologie politique à un marketing du verdissement ; démanteler l’État social et minimiser ses dépenses.

D’un point de vue plus moral, l’extrémisme de l’extrême centre tient à son rejet de tout ce qui n’est pas lui. Loin de se situer lui-même quelque part sur l’axe gauche-droite, il (…) Taille de l’article complet : 2 372 mots. Cet article est réservé aux abonnés Source.

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