AFP - Infos Françaises jeudi 15 mai 2025 - 15:35:06 UTC 436 mots
Paris, 15 mai 2025 (AFP) - Le groupe TotalEnergies et des associations ont échangé une passe d’armes jeudi devant le tribunal de Paris lors d’une audience consacrée à « l’accès aux preuves » réclamé par les plaignants qui espèrent obtenir réparation de préjudices causés par le méga-projet pétrolier en Ouganda et au Tanzanie.
La bataille judiciaire dure depuis 6 ans autour du projet le plus contesté de TotalEnergies : « Tilenga », un forage de 419 puits en Ouganda, empiétant sur le parc naturel des Murchison Falls et associé à « Eacop », le plus long oléoduc chauffé au monde traversant la Tanzanie sur près de 1.500 km.
Au nom d’une loi sur le « devoir de vigilance », les Amis de la Terre, Survie et quatre associations ougandaises réclamant la suspension des projets Eacop-Tilenga en raison de violations des droits humains et de risques pour l’environnement avaient assigné TotalEnergies en 2019 ; une procédure jugée irrecevable début 2023.
A la suite de ce revers, cinq associations françaises et ougandaises (AFIEGO, les Amis de la Terre France, NAPE/Amis de la Terre Ouganda, Survie et TASHA Research Institute) et 27 personnes affectées par le projet ont assigné TotalEnergies en juin 2023 devant le tribunal de Paris pour demander réparation de divers préjudices : compensations des expropriations insuffisantes ou tardives, inondations de terres, atteintes à la liberté d’expression, etc.
En attendant de juger ce volet au fond, les plaignants ont demandé au tribunal de forcer TotalEnergies à produire des documents « absolument nécessaires » pour évaluer les préjudices, selon eux : des audits internes, les comptes-rendus de comités de pilotage « droits humains », des rapports ayant servi à fixer le montant des compensations, une étude sur les inondations…
Les plaignants affirment que TotalEnergies a refusé de leur communiquer des documents, ou leur en a transmis « au compte-gouttes » et pour certains largement caviardés. « Ce qui compte pour TotalEnergies, c’est sa vérité, sa transparence à elle », a déclaré leur avocat Henri Thulliez.
« Vous ne pouvez pas vous satisfaire de cette transparence diluée au mazout », a-t-il lancé au tribunal.
« Nous n’avons rien à cacher », a rétorqué de l’autre côté de la barre l’avocat du groupe pétrolier Antonin Lévy, en citant le PDG Patrick Pouyanné.
Le groupe a publié l’ensemble des audits externes en ligne mais il assure de pas être en possession d’autres rapports, eux détenus par ses filiales.
Quant aux documents caviardés, ils contiennent des « informations confidentielles » et des informations « sans lien avec le litige », a justifié l’autre conseil du groupe Ophélia Claude, en rappelant que depuis 2009, le groupe a communiqué une centaine de pièces.
Décision le 3 juillet.
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