N° 185 - FÉVRIER 2005 -
AFRIQUE / ÉCLAIRAGE
Terre de prédilection du mercenariat depuis le siècle dernier, l’Afrique de l’après-guerre froide n’en finit pas d’attirer les soldats de fortune. A une époque de multiples conflits résultant de la fragilité des Etats, la relève des « chiens de guerre » et des « affreux » de l’ère post-coloniale est donc assurée.
PAR BARBARA CARON
Habituellement, les soldats combattent pour la souveraineté d’un Etat ou pour des intérêts nationaux. Aussi présente-t-on souvent l’honneur et la victoire comme les notions les plus importantes pour un soldat. Mais, on le sait, dans le domaine de la guerre, l’argent constitue un facteur omnipotent…
En effet, au fil des siècles et des guerres, il est toujours resté des hommes prêts à vendre leurs « talents » militaires : les mercenaires. Plus précisément, le terme de « mercenaire » fait référence à des « soldats étrangers qui combattent pour un salaire ». Dès lors, les mercenaires ne s’engagent pas au combat pour la protection des intérêts de leur propre pays, ni pour la souveraineté de celui-ci ni même pour l’honneur ; ils se mettent au service d’un employeur, c’est-à-dire de celui qui les paie. Nous l’avons dit, le mercenariat ne correspond pas à un phénomène nouveau ; il existe depuis l’époque de la Grèce antique. Pendant tout le Moyen-Age et l’Ancien Régime en Europe, les militaires mercenaires, utilisés comme des unités d’élite ou comme des conseillers de guerre, constituèrent des corps importants au sein des armées.
Au XXe siècle, les mercenaires participent plus que jamais au paysage militaire mondial. A partir des années soixante, ces derniers profitent des avatars de la décolonisation et de la « drôle de guerre froide » pour ajouter quelques pages, souvent peu glorieuses, à leur histoire séculaire. En Afrique, c’est l’époque des Christian Tavernier et autres Bob Denard. Le recrutement des mercenaires est alors pour le moins aléatoire. Du Katanga au Biafra, en passant par les Comores, il n’est pas rare de retrouver les mêmes baroudeurs vieillissants, mais également des hommes à la formation et à l’expérience parfois limitées, ou encore recrutés du fait de leurs sympathies idéologiques… Ces « intérimaires du coup de feu » ne disposent souvent ni des moyens logistiques nécessaires à la conduite d’opérations d’envergure ni des fonds permettant un recrutement optimal et l’acquisition d’équipements adaptés.
Des faiblesses qui expliquent la piètre qualité de nombreuses prestations et qui sont à l’origine de la réputation scabreuse des mercenaires - durant les années soixante et soixante-dix, la communauté internationale a stigmatisé les activités des "chiens de guerre".
Depuis une quinzaine d’années, le milieu du mercenariat a considérablement évolué. Ce dont témoigne la situation prévalant en Afrique. Au mercenariat traditionnel de l’après-décolonisation, qui reste actif dans la plupart des conflits touchant le continent (les récents procès, à Malabo et Harare, de mercenaires accusés d’avoir tenté de renverser le président équato-guinéen en mars 2004 sont à ce propos significatifs), s’est en effet juxtaposée l’activité de sociétés privées, spécialisées dans la fourniture de services militaires.
Celles-ci peuvent organiser et assurer, à la demande d’un Etat, d’une organisation non gouvernementale (ONG) ou d’une entreprise, des tâches de sécurité, de logistique, de renseignement, de formation des militaires, voire suppléer aux forces gouvernementales à certaines occasions. Ces entreprises disposent de réserves d’hommes plus ou moins importantes (jusqu’à cinq mille soldats, ex-professionnels, désormais sous contrat et très cher payés pour leurs qualifications militaires et l’expérience acquise sur certains théâtres d’opération), de matériels performants et de cadres expérimentés provenant des unités d’élite et des institutions militaires les plus prestigieuses au monde. En majorité d’origine sud-africaine, américaine ou anglaise, mais aussi française et israélienne, les sociétés militaires privées - si on en dénombre plus de trois cent mille dans le monde, elles sont peu nombreuses à posséder un niveau d’activité d’envergure mondiale - agissent sur l’ensemble de la planète au gré des conflits et des besoins, le plus souvent dans des pays en développement marqués par une instabilité chronique.
Ces entreprises ont très rapidement bénéficié de la révolution militaire des années quatre-vingt-dix. Une révolution spectaculaire, qui s’est traduite par la démobilisation massive des grandes armées (ex. : entre 1987 et 1997, les effectifs cumulés des armées américaine, soviétique/russe, française et britannique sont passés de 5,23 à 1,24 million d’hommes) et la réduction générale des budgets militaires des pays développés (les dépenses militaires de ces pays ont chuté d’environ 30 % durant cette période). Le fait est que le processus de réduction des effectifs militaires a été plus ou moins bien conduit selon les Etats. En ce qui concerne les pays de l’Europe de l’Est, le phénomène a été brutal et le retour à la vie civile de certains militaires s’est opéré au prix de moult difficultés. La frustration engendrée par le sentiment de l’inutilité et de l’ingratitude a alors poussé des milliers d’hommes à se tourner vers des sociétés militaires privées, comme la britannique Sandline International, créée en 1996, ou la sud-africaine Executive Outcomes, créée en 1992 et dirigée par d’anciens éléments du 32e bataillon, l’une des unités de choc -des supplétifs de l’armée- du régime en place sous l’apartheid.
La privatisation de l’assistance militaire et de la sécurité est donc une véritable aubaine pour ce réservoir d’hommes mis au chômage technique du fait de la nouvelle donne internationale. Les experts en aéronautique provenant des pays de l’Europe de l’Est, notamment, ont particulièrement réussi leur reconversion. Très sollicités, ils sont souvent présents sur les théâtres des conflits africains (en Côte-d’Ivoire par exemple). Les sociétés militaires privées ont par ailleurs su tirer profit de la période d’incertitude et de flottement consécutive à la fin de la guerre froide. Alors qu’on aurait pu s’attendre que la disparition de la fameuse « menace communiste » provoquât celle des conflits, on assiste en effet depuis plusieurs années à l’éclatement d’une multitude de crises sur l’ensemble des continents, en Afrique particulièrement. Compte tenu des choix budgétaires et politiques qui ont été effectués, la plupart des pays développés se retrouvent dans l’impossibilité de répondre à la demande croissante de sécurité et de paix sur la scène internationale. Une situation qui profite directement aux firmes internationales de sécurité : ces dernières prétendent pouvoir remplacer l’Onu dans ses missions traditionnelles et même fournir des services financièrement plus compétitifs. Executive Outcomes s’est ainsi targuée du fait d’avoir inversé le rapport de force dans la guerre civile qui ravageait l’Angola depuis plusieurs années par le biais d’un contrat de deux ans signé avec le gouvernement d’Eduardo Dos Santos pour un montant global de 80 millions de dollars, une bagatelle par rapport aux dépenses engagées par l’Onu dans le même pays.
Le recul de l’Onu a ouvert un autre créneau aux compagnies militaires privées : celui de l’humanitaire. Dans un document de travail daté du 14 mai 1998 et intitulé Security of Relief Workers and Humanitarian Space, la Commission européenne évoquait la nécessité de la mise en place de centres de sécurité de terrain pour protéger les travailleurs et les opérations humanitaires sous la responsabilité d’agences de l’Onu ou d’ONG, précisant qu’ils devraient inclure des professionnels de la sécurité. L’Onu, qui a notamment recouru aux services de la société britannique Defense Systems Ltd (DSL) pour protéger ses installations en Angola ou en République démocratique du Congo, partage le même avis. « Le recours à des compagnies privées pour protéger les travailleurs humanitaires est une formule qu’il faut explorer à l’heure actuelle », déclarait en novembre 2000 le secrétaire général adjoint de l’Onu pour les affaires humanitaires, Sergio Vieira de Mello. Ressort non négligeable de l’expansion mercenaire en Afrique au cours des années quatre-vingt-dix, la fragilité des Etats a d’autre part permis à quelques compagnies militaires privées de faire main basse sur certaines concessions minières. La Sierra Léone offre un exemple frappant de cette confusion entre intérêts mercenaires et miniers. En 1995, le gouvernement fait appel à Executive Outcomes pour repousser les rebelles du RUF (Front révolutionnaire uni), alors à quelques kilomètres de Freetown. Le fait est que, dans le même temps, les autorités sierra-léonaises accordent à Branch Energy, une filiale d’Executive Outcomes, l’exploitation de mines de diamants. La collusion entre firmes militaires privées et intérêts miniers est ici flagrante : des concessions diamantifères ont été monnayées en échange de prestations de sécurité. La puissance économique du secteur de la sécurité ne repose donc pas que sur les contrats, si faramineux soient-ils. Certaines entreprises, comme Executive Outcomes, sont aussi le fer de lance de groupes bien plus importants, aux capacités d’action considérables et très diversifiées. Jusqu’à sa dissolution en 1998 - suite à la promulgation de la loi sud-africaine sanctionnant les activités mercenaires - , la firme sud-africaine disposait en effet d’un vaste holding, Strategic Resources Corporation (SRC), comprenant d’autres compagnies de sécurité, des compagnies diamantifères, une compagnie aérienne, des sociétés de déminage, de construction, de communication, de forage, d’agrobusiness, de tourisme et de services médicaux. L’explosion des compagnies militaires privées a bel et bien permis l’émergence de véritables empires financiers.
En regard des monstres anglo-saxons, les entreprises françaises font figure de PME (petites et moyennes entreprises). Ces dernières restent en effet des structures de petite taille, opérant dans un créneau réduit, du fait de la frilosité chronique des autorités françaises à « externaliser » - c’est-à-dire privatiser - des activités militaires majeures. Alors que la nomenclature des services offerts par les firmes de sécurité anglo-saxonnes s’organise autour de trois pôles d’activités (soutien, conseil et projection opérationnelle), les sociétés françaises disposent d’un catalogue plus restreint, nettement moins militarisé.
Deux philosophies différentes du contrôle de l’action armée s’opposent donc : d’un côté les Français, qui craignent de voir l’Etat dépossédé d’un de ses pouvoirs régaliens, de l’autre les Américains et les Britanniques, qui prônent une sous-traitance très encadrée. C’est ainsi que certaines compagnies de culture anglo-saxonne se sont directement trouvées engagées dans des combats en Afrique. C’est le cas de la sud-africaine Executive Outcomes. L’arrivée d’Executive Outcomes en Angola remonte à 1992. Cette année-là, la société est engagée par différentes compagnies pétrolières, étrangères (Heritage Oil & Gas, Gulf Chevron, Ranger Oil) et angolaises (Petrangol et Sonangol). Sa mission consiste à libérer les services de maintenance et d’équipement tombés aux mains de la rébellion de l’Unita (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola) dans la région de Soyo. En 1993, les installations pétrolières sont reprises, et les hommes d’Executive Outcomes en assurèrent la sécurisation une année durant. La démonstration de service de la société sud-africaine satisfait le gouvernement angolais, qui décide d’engager la firme pour deux contrats successifs d’un an, pour un montant de 40 millions de dollars par an. Ils ont contribué à faire reculer la rébellion de l’Unita -qui contrôlait quelque 60% du territoire- des régions clés, dont la région diamantifère stratégique du Nord-Est. En novembre 1994, l’Unita, après plusieurs défaites, est contrainte de signer le Protocole de paix de Lusaka. Après l’expérience angolaise, véritable vitrine d’Executive Outcomes, la firme sud-africaine a envoyé ses mercenaires un peu partout sur le continent noir, notamment en Sierra Léone à partir de 1995 et dans la région des Grands Lacs à la fin des années quatre-vingt-dix. S’il est vrai que des sociétés militaires privées ont été publiquement félicitées pour avoir mis fin à des guerres civiles qui duraient depuis des décennies ou pour avoir efficacement agi en faveur des réfugiés, du déminage et de l’assistance civile aux populations, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la suppression de leurs activités. Accusées d’être la forme la plus achevée et la plus perverse du mercenariat moderne, de se payer sur les ressources naturelles de pays déjà en situation de détresse économique, de violer les droits humains ou bien encore de servir les intérêts de compagnies ou de gouvernements sans scrupules au détriment du droit des peuples, les sociétés militaires privées ont en effet fait l’objet de critiques et de scandales peu relayés par les médias.
Dans un rapport daté du 20 février 1997, le rapporteur spécial des Nations unies sur la question de l’utilisation de mercenaires, le Péruvien Enrique Bernales Ballesteros, met ainsi en garde les Etats faisant appel aux firmes multinationales de sécurité : « Ces compagnies peuvent devenir une véritable menace du fait des activités qu’elles mènent, parce qu’elles possèdent des experts hautement entraînés, des armes sophistiquées et des renseignements classifiés, parce qu’elles opèrent avec des gouvernements légitimes mais aussi avec des mouvements d’opposition armée, parce qu’elles interfèrent dans l’économie du pays qu’elles aident et enfin parce qu’elles utilisent la violence et des tactiques de déstabilisation […]. » Parce qu’il arrive que ces firmes s’implantent durablement dans les pays qui ont recours à leurs services afin d’y pérenniser leurs activités les plus rentables, le rapporteur spécial précise : « Les intérêts propres des mercenaires résident beaucoup plus dans la prolongation du conflit que dans l’amélioration de la situation au sein du pays. »
Plus surprenant, en quête d’une « respectabilité internationale », les compagnies de sécurité ne manquent pas, en Afrique comme ailleurs, d’endosser le discours de la Banque mondiale sur l’Etat de droit et la « bonne gouvernance ». Aussi se dotent-elles de "codes de bonne conduite« , souscrivent à des »chartes éthiques« , affirmant ne travailler qu’avec des gouvernements légitimes, dans le respect des législations. Dans ce contexte, quelle importance faut-il finalement réserver aux conventions de l’Onu et de l’Union africaine ou aux lois sud-africaine et française, qui, théoriquement, interdisent toutes le mercenariat, mais qui pourtant sont aisément contournées par ces sociétés de sécurité, plus que jamais sollicitées depuis que domine un »nouvel ordre mondial« sécuritaire, à la suite les attentats antiaméricains du 11 septembre 2001 ? Parmi les raisons qui expliquent essentiellement le développement de ces entreprises, on peut alors retenir la mise en œuvre d’une gestion des peurs internes et internationales. Les discours sur l’insécurité participeraient alors à la légitimation de leurs activités, via un argumentaire promotionnel sur la sécurité et la paix internationale. En tout cas, nombreux sont ceux qui en appellent à un »nouvel ordre éthique" mondial, seul en mesure d’assurer la protection équitable des peuples. Ce qui passe nécessairement par une volonté partagée par la communauté des nations de réduire drastiquement, à défaut de démanteler le territoire fécond, et par nature illégitime, de ceux qui perpétuent l’un des plus vieux métiers au monde, et qui, surtout, s’arrogent le droit de désigner, au sein des pays, qui doit être sécurisé et protégé, et qui doit être exclu. Un protocole qui varie au gré des intérêts, entretenant dans la vie des peuples l’effrayante permanence de la violence.
L’affaire Thatcher Soupçonné d’avoir financé, à hauteur de 230 000 euros, un projet de coup d’Etat en Guinée équatoriale, Mark Thatcher a vécu plusieurs mois sous contrôle judiciaire en Afrique du Sud (arrêté en août dernier au Cap où il résidait depuis dix ans, le fils de l’ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher a été libéré, après neuf jours de prison, moyennant le versement d’une caution de 300000 dollars). Pour les enquêteurs sud-africains, il s’agissait de démontrer son implication dans l’équipée des mercenaires qui, en mars 2004, s’apprêtaient à renverser le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema, au pouvoir depuis vingt-cinq ans, afin d’installer l’opposant en exil Severo Moto à la tête du pays.
Rappel : le 7 mars, soixante-dix hommes sont arrêtés à Harare, au Zimbabwe, à bord d’un Boeing 727 en provenance d’Afrique du Sud et apparemment en route vers la Guinée équatoriale (cette halte devait permettre un ravitaillement en armes et en munitions). Deux jours plus tard, un second groupe de quinze hommes est à son tour neutralisé à Malabo, la capitale équato-guinéenne. Deux procès ont eu lieu, l’un à Harare, l’autre à Malabo. Au Zimbabwe, sept ans de prison ont été requis, en octobre, contre l’ex-soldat britannique Simon Mann, cerveau présumé de la tentative de putsch, ses acolytes jugés un mois plus tard en Guinée équatoriale écopant quant à eux de peines beaucoup plus lourdes : jusqu’à trente-sept ans d’incarcération. Cependant, ces condamnations n’ont mis un terme qu’aux procès des exécutants, et non pas ceux des commanditaires. Parmi ces commanditaires, qui espéraient mettre la main sur la manne pétrolière aujourd’hui très convoitée de la Guinée équatoriale, Mark Thatcher, bien sûr, mais aussi dix-sept personnes, dont d’anciens responsables du Parti conservateur britannique. L’arrestation de Mark Thatcher constitue une première : les donneurs d’ordre, en effet, n’ont jusqu’à présent jamais été mis en cause dans ce genre d’affaires. Le fait est que, depuis son entrée en fonction (il y a cinq ans), le président sud-africain Thabo Mbeki s’adonne à une véritable chasse aux mercenaires, eu égard au fait que ces derniers n’en finissent pas de ternir la réputation du pays de Nelson Mandela. Accusé d’avoir violé la loi sud-africaine sur le mercenariat, le fils de la « Dame de fer » encourrait une condamnation de quinze ans d’emprisonnement. Le 13 janvier dernier, coup de théâtre : selon des dispositions particulières de la loi sud-africaine, après avoir plaidé coupable devant la Haute Cour du Cap et en échange d’une condamnation à quatre ans de prison avec sursis et du paiement d’une amende de 385000 euros, Mark Thatcher s’est retrouvé libre de quitter l’Afrique du Sud.
Afrique du Sud : combattre le mercenariat Promulguée en 1998, la loi sud-africaine sur l’assistance militaire à l’étranger interdit à « tout citoyen ou résident sud-africain de recruter, d’utiliser, d’entraîner » des personnes en vue d’activités mercenaires. Egalement, la loi punit d’une peine d’amende ou de prison toutes formes de financement de ces activités, ainsi que toutes les personnes convaincues de « participation directe, en tant que combattant, à un conflit armé à des fins privées ». A ce jour, deux hommes ont été condamnés pour activités mercenaires en Côte-d’Ivoire. L’un d’entre eux, un Sud-Africain d’origine française interpellé en juillet 2003 à Johannesburg, a ainsi écopé d’une amende de 12000 euros après avoir plaidé coupable lors de son procès.
Cette loi, considérée comme une spécificité sud-africaine, est, selon le ministre sud-africain de la Défense, « une pièce unique et exceptionnelle de législation, et qui ne peut être comparée à rien de ce qui a été fait en la matière dans le monde ». Toutefois, les autorités sud-africaines ont engagé une réflexion depuis 2004 sur une révision de cette loi, afin de « mieux répondre aux caractéristiques du mercenariat moderne ».
L’Afrique des « affreux » Durant les années dominées par les luttes anticoloniales et la guerre froide, les « affreux » ont massivement fait partie du paysage africain. Des années soixante aux années quatre-vingt, ces « soldats perdus » se sont en effet imposés un peu partout sur le continent (au Congo Kinshasa, au Congo Brazzaville, aux Comores, aux Seychelles, au Bénin, en Guinée, en Rhodésie et en Angola). Parmi leurs plus grands pourvoyeurs, leur apportant un soutien plus ou moins discret : le Royaume-Uni, la France, l’Afrique du Sud et Israël. Alors qu’ils prétendaient défendre « la civilisation » contre la menace communiste, les « chiens de guerre » ont surtout laissé une image de sauvagerie et de désordre.
Le représentant le plus connu en France de cette génération de mercenaires est le célèbre Robert Denard, alias Bob Denard, qui, après plusieurs interventions en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, s’est particulièrement « illustré » dans la vie nationale des Comores.
Après avoir successivement joué un rôle militaire décisif en 1975 dans le renversement du président Ahmed Abdallah au profit d’Ali Soilih, puis en 1978 dans celui du président Soilih, qui mourra assassiné, au profit d’Abdallah, il devint, sous la présidence de ce dernier, brièvement membre du directoire politico-militaire et commandant en chef des forces armées et de la police comoriennes. Et surtout, assisté par son équipe, chef de la garde présidentielle du pays jusqu’en décembre 1989. A cette date, après l’assassinat du président Abdallah, énième opération visant à rétablir une fois de plus la « démocratie », la France décide d’intervenir : Denard et ses hommes sont arrêtés. En mars 1999, suite à un long procès, Denard est finalement acquitté du meurtre de l’ancien président comorien Abdallah…
D’autres « affreux » ont fait parler d’eux, tel le Belge Christian Tavernier, vieille connaissance du maréchal zaïrois Mobutu Sese Seko, connu pour avoir été le chef des mercenaires ayant pris part à la guerre civile de 1997.
© copyright Le Nouvel Afrique Asie 2005
Publié avec l’aimable autorisation du magazine Le Nouvel Afrique Asie.