En République démocratique du Congo, les milliards disparus de la Gécamine

Vendredi 21 juillet 2017

COMPTE RENDU

En République démocratique du Congo, les milliards disparus de la Gécamines

L’ONG Global Witness relève que 750 millions de dollars des recettes minières destinées au Trésor public congolais se sont évaporés entre 2013 et 2015.

Par Joan Tilouine

LE MONDE ECONOMIE Le 21.07.2017 à 06h38 • Mis à jour le 21.07.2017 à 10h03

La République démocratique du Congo (RDC) s’enfonce dans une crise économique. La pénurie de devises se conjugue à une dépréciation du franc congolais face au dollar de 30 % au premier semestre. Une inflation de près de 40 %, des administrations gangrenées par la corruption, des fonctionnaires impayés et des investisseurs freinés par l’instabilité politique. Les caisses de l’Etat se vident.

Et la Gécamines, la mythique entreprise minière publique, a sans doute une part de responsabilités. Elle peine à rémunérer ses salariés, ne reverse à l’Etat aucun dividende et ne paie que 20 millions de dollars (17,1 millions d’euros) par an d’impôts, selon l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).

Ayant une dette de plus de 1 milliard de dollars, la Gécamines, dont la gestion est opaque, est une fois encore épinglée pour des soupçons de détournements massifs. Entre 2013 et 2015, pas moins de 750 millions de dollars des recettes minières destinées au Trésor public se sont évaporés, souligne Global Witness dans un rapport intitulé « Distributeur automatique du régime », rendu public vendredi 21 juillet. L’ONG, qui s’appuie notamment sur les données de l’ITIE, relève qu’entre 30 % et 40 % du total des revenus miniers qui doivent revenir à l’Etat ne parviennent pas à destination. « Cet argent est conservé par divers organismes fiscaux pour leurs “fonds propres” ou disparaît, absorbé par la Gécamines, constate Global Witness. Personne ne sait à quoi sert cet argent. »

« Vache à lait » du pouvoir

La Gécamines, société nationalisée en 1960 au moment de l’indépendance, pillée par Mobutu Sese Seko dans les années 1990, est aujourd’hui encore considérée comme la « vache à lait » du pouvoir, comme le disent les Congolais. La privatisation de la compagnie est un triste mythe. L’Etat reste l’unique actionnaire d’une société désormais incapable d’exploiter elle-même les mines de cuivre et de cobalt de l’ancienne province du Katanga. La Gécamines se contente de percevoir des redevances sur une vingtaine de projets d’exploitation confiés à des entreprises d’Europe, des Etats-Unis, de Chine ou du Kazakhstan. La corruption est banalisée. Les hommes d’affaires amis du président Joseph Kabila ont pu en profiter.

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