Par latribune.fr Publié le 08/01/25 à 13:21 - Mis à jour le 08/01/25 à 13:21
Le pétrolier Eagle S, soupçonné d’appartenir à la « flotte fantôme » russe et d’avoir causé des dégradations sur cinq câbles sous-marins, a désormais interdiction de naviguer, ont annoncé les autorités finlandaises ce mercredi.
Et pour cause : le navire, déjà saisi par la police dans le cadre de son enquête pour sabotage, présente de « graves défaillances ». « Les inspecteurs de Traficom ont constaté 32 carences lors de l’inspection », a indiqué l’agence des Transports et communications dans un communiqué. Elles « sont liées à la sécurité incendie du navire, au dispositif de navigation et à la ventilation de la salle des pompes ».
Le pétrolier ne pourra pas « opérer tant que les graves défaillances constatées (au cours de l’inspection technique) n’auront pas été corrigées ». La réparation « nécessitera une assistance extérieure et prendra du temps », a déclaré Sanna Sonninen, directrice de la navigation maritime, citée dans le communiqué.
L’ancre récupérée par les autorités finlandaises
Pour rappel, l’Eagle S, battant pavillon des îles Cook, est soupçonné d’avoir endommagé le 25 décembre un câble électrique et quatre câbles de télécommunications. Il se trouve actuellement à l’est d’Helsinki, à proximité de la ville portuaire de Porvoo.
Le pétrolier est accusé d’avoir intentionnellement laissé traîner son ancre sur plusieurs dizaines de kilomètres sur le fond marin, selon la police finlandaise. L’ancre a été remontée l’après-midi du 6 janvier et se trouve entre les mains des autorités finlandaises.
Huit des marins du Eagle S sont suspectés par la police finlandaise d’être impliqués dans les dégradations des câbles et ont interdiction de quitter le territoire finlandais. Une enquête est en cours en Finlande pour déterminer la nature exacte des dommages ainsi que le déroulé des événements. La police finlandaise a annoncé vendredi que l’enquête sous-marine était « presque terminée en ce qui concerne l’étude des fonds marins ».
Le contexte d’une « guerre hybride »
La Suède et la Finlande, qui ont récemment rejoint l’Otan, sont particulièrement attentives aux incidents récurrents en mer Baltique. Précédemment, deux câbles de télécommunications ont été coupés les 17 et 18 novembre dans les eaux territoriales suédoises. Un vraquier battant pavillon chinois, le Yi Peng 3, est dans le viseur de la justice suédoise pour ces dégradations.
Ces actions, ciblant les infrastructures énergétiques et de communication, s’inscrivent, selon des experts et responsables politiques, dans le contexte d’une « guerre hybride » menée par Moscou contre les pays occidentaux, dans ce vaste espace maritime bordé par plusieurs membres de l’Otan et par la Russie.
L’Otan a annoncé fin décembre renforcer sa présence militaire dans cette zone. L’Union européenne a de son côté mis en place des mesures pour protéger les câbles sous-marins et améliorer l’échange d’informations.
La Force expéditionnaire conjointe (JEF), une coalition de 10 pays menée par le Royaume-Uni et comprenant le Danemark, l’Estonie, la Finlande, l’Islande, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas et la Suède - associés autour des questions opérationnelles de défense dans le nord de l’Europe -, a annoncé lundi qu’elle renforçait sa surveillance des infrastructures critiques en mer Baltique.
(Avec AFP)