La révolte antimafia est lancée

Mardi 4 septembre 2007 — Dernier ajout mercredi 25 mars 2009

La révolte antimafia est lancée

La fronde a été fomentée par le président de l’Association des entrepreneurs du bâtiment de Catane, qui a reçu quatre menaces de mort en quatre jours pour ne pas avoir payé le « pizzo »

- 03/09/2007 Le Matin & les agences

Extraits de l’article en ligne sur le site du journal Le Matin :

Confrontée à une forte hausse du racket des entreprises de Sicile par la mafia, l’association des entrepreneurs siciliens a décidé de réagir. Elle promet l’expulsion de ses rangs de tous ceux qui accepteraient à l’avenir de payer le « pizzo », l’impôt mafieux.

Cette décision sans précédent a été prise à l’unanimité de la Cofindustria (Confédération patronale) de Sicile réunie samedi en assemblée extraordinaire à Caltanissetta dans le centre de l’île, a rapporté dimanche la presse italienne.

L’initiative de cette révolte antimafia est venue d’Andrea Vecchio, le président de l’Association des entrepreneurs du bâtiment de Catane qui a reçu quatre menaces de mort en quatre jours à son retour de vacances pour ne pas avoir payé le « pizzo ». Ses engins de chantier ont été attaqués à deux reprises durant cette période.

« Au nom de tous les entrepreneurs siciliens (…) nous voulons vivre comme les citoyens d’un pays normal, rien de plus », affirme-t-il.

Prodi : « bel exemple »

D’Amman, en Jordanie, où il effectuait une visite le président du Conseil Romano Prodi a salué le « bel exemple » de civisme donné par la Cofindustria de Sicile en estimant « que la lutte contre la mafia ne serait gagnée qu’avec une réaction de la société civile ».

M. Prodi a refusé en revanche d’envisager de déployer l’armée dans l’île en déclarant qu’il pensait « plus efficace la réaction de la société civile ».

L’armée italienne n’a plus été déployée en Sicile contre la mafia depuis 1992 à l’époque des « Vêpres siciliennes » quand la mafia avait assassiné les juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino lors de deux attaques spectaculaires qui avaient choqué toute l’Italie.

Des milliards en jeu

Les sommes rackettées chaque année par la mafia sont évaluées à plus de 16 milliards de francs par an par l’association des entrepreneurs siciliens. Peu d’activités économiques échappent à « la Pieuvre ».

Une étude sur « les coûts de l’illégalité » de l’Université de Palerme chiffre à 100 francs par mois en moyenne les sommes exigées par la mafia des petits vendeurs et marchands ambulants de l’île. Le « pizzo » grimpe à 750 francs par mois pour les commerces de détail et à 950 francs par mois pour les auberges et restaurants.

Chaque chantier est taxé entre 2 et 4% de sa valeur par la mafia tandis que les sociétés de construction et d’entretien des routes doivent verser une moyenne de 28 000 francs par chantier, selon cette étude financée par la Fondation Chinnici citée dimanche par le quotidien la Repubblica.

La mafia n’a jamais hésité à tuer ses ennemis, notamment des juges

La mafia sicilienne n’a jamais hésité à tuer pour répandre la terreur. Le juge italien Giovanni Falcone, symbole de la lutte antimafia, a été assassiné avec sa femme et trois de ses gardes du corps dans un attentat à l’explosif commis près de Palerme, en Sicile, le 23 juin 1992.

Deux mois plus tard, c’est son successeur, le juge Paolo Borsellino, qui est victime d’un attentat à la voiture piégé. La mafia a aussi assassiné des dizaines d’autres personnes, dont des entrepreneurs qui refusaient d’être rackettés… Le juge Giovanni Falcone avait passé onze années de sa vie, enfermé dans un bureau-bunker du Palais de Justice de Palerme. Pour combattre efficacement Cosa Nostra, il lui a fallu d’abord la comprendre « de l’intérieur », découvrir le sens de chaque mot, de chaque geste, le rapporter à cette implacable rationalité que constitue le monde mafieux. Falcone avait mis au jour les modes de fonctionnement, les valeurs, les finalités, les codes de langage de Cosa Nostra. Il était devenu l’ennemi numéro un de la mafia. Onze années dans l’atmosphère étouffante du Palais de Justice, une vie blindée, des heures à lire à relire les témoignages des repentis. Giovanni Falcone a tout sacrifié, même sa vie, pour un seul et noble but : la justice.

Son meurtre et celui di juge Borsellino ont brisé l’omerta (loi du silence) et ont entraîné la première mobilisation populaire contre « la pieuvre » en Italie.

Lire la suite de l’article sur le site du journal Le Matin.

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