Les députés britanniques face à l’opacité de l’empire Gupta

Mercredi 21 juillet 2021

Économie Entreprises

Les députés britanniques face à l’opacité de l’empire Gupta

Un comité parlementaire enquête sur le groupe d’acier et d’aluminium du magnat Sanjeev Gupta, également présent en France, qui est soupçonné de fraude.

Par Eric Albert (Londres, correspondance) Publié aujourd’hui à 09h32

A plusieurs reprises, Kwasi Kwarteng, le ministre britannique de l’industrie, a utilisé le même adjectif pour décrire GFG (Gupta Family Group) Alliance : « opaque ». Il répondait, mardi 20 juillet, aux questions d’un comité parlementaire qui enquête sur les étranges affaires de cet empire d’aciéries et d’usines d’aluminium possédées par Sanjeev Gupta, un homme d’affaires indo-britannique.

Du propre aveu du ministre, le fonctionnement de ce groupe est difficilement compréhensible. A tel point qu’en avril, alors que GFG Alliance paraissait au bord du gouffre financier, M. Kwarteng a fermement rejeté sa demande de sauvetage de 170 millions de livres sterling (197 millions d’euros) : « C’était trop opaque. Je ne pouvais pas garantir que l’argent resterait au Royaume-Uni. » Tout en étant prêt à intervenir après une éventuelle faillite, M. Kwarteng préfère risquer les 5 000 emplois britanniques du groupe plutôt que s’aventurer à l’aider. Le Serious Fraud Office (SFO), l’équivalent britannique du parquet financier, a, de son côté, ouvert une enquête pour fraude.

En mars, le principal soutien financier de GFG Alliance, la société Greensill, a déposé le bilan. Se retrouvant soudain à cours de liquidités, le groupe de M. Gupta, créé en quelques années seulement, qui s’étend du Royaume-Uni à l’Australie en passant par la France, et emploie 35 000 personnes, vacille. En France, il a mis en vente ses plus belles usines, à savoir l’aciérie d’Ascoval (Nord) et la fabrique de rails d’Hayange (Moselle).

Fort peu coopératifs

Les pratiques de M. Gupta soulèvent des interrogations. D’où venait l’argent qui a permis à son groupe de croître aussi rapidement ? Le comité parlementaire britannique chargé des questions industrielles, qui tente de répondre à cette question, se heurte à un mur, tout comme M. Kwarteng. M. Gupta et ses collaborateurs se montrent fort peu coopératifs avec les députés.

L’homme d’affaires a refusé d’apparaître devant le comité, ses avocats lui ayant conseillé le silence pour ne pas compromettre sa défense face au SFO. Quant à Anton Krull, le directeur financier pour le Royaume-Uni de Liberty Steel, la branche acier de GFG Alliance, il n’est en poste que depuis deux mois et n’est au courant de rien, ou presque : « Je suis le directeur financier, mais ça ne couvre pas la structure du capital », a-t-il déclaré. Lire la suite.

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