Johann Carta, « le financier » du Petit Bar, visé par la justice

Mercredi 14 avril 2021

Société Justice

Johann Carta, « le financier » du Petit Bar, visé par la justice

Une information judiciaire a été ouverte, en 2020, sur les activités de cet homme de 47 ans, spécialisé dans les affaires immobilières et agent de joueurs.

Par Jacques Follorou Publié aujourd’hui à 11h15, mis à jour à 13h27

La vaste enquête en cours sur la bande mafieuse corse du Petit Bar a des allures de puits sans fond. Ouverte après la tentative d’assassinat, le 13 septembre 2018, visant un rival ajaccien, elle traque aussi 48 millions d’euros pouvant être liés à du blanchiment. Elle a, par ailleurs, été étendue à des faits de corruption visant des policiers suspectés d’être les taupes du Petit Bar.

Enfin, selon les informations du Monde, la juridiction marseillaise spécialisée en matière de lutte contre le crime organisé a estimé nécessaire d’ouvrir, en 2020, une information judiciaire sur les seules activités d’un homme qualifié par la justice « de financier du Petit Bar ». Ce dernier, aux activités variées, s’est associé à des fortunes immobilières et est même devenu agent de joueur en contact avec de grands clubs de football européens.

Connu dans la région ajaccienne pour son caractère bien trempé et la gestion d’une paillote à la mode sur la rive sud de la baie d’Ajaccio, Johann Carta, âgé de 47 ans, n’avait, à ce jour, défrayé la chronique locale que par ses coups de sang. Mais, selon la justice, il aurait changé de stature au milieu des années 2010 en se rapprochant des piliers de la bande du Petit Bar, dont l’emprise sur Ajaccio ne cessait de croître.

« Ses liens, dit l’enquête, avec Mickaël Ettori et Pascal Porri, membres supposés de l’équipe du Petit Bar » et son rôle de pivot « dans les affaires immobilières », en Corse et sur le continent, en ont fait un personnage qui méritait, selon la justice, un traitement procédural à part. L’avenir dira si les soupçons étaient fondés ou le fruit d’une construction intellectuelle hâtive.

Les policiers qui surveillaient de près, à Paris, les allées et venues du noyau dur du Petit Bar, notamment en sonorisant l’appartement de Mickaël Ettori, eurent la surprise de découvrir, le 30 mai 2019, un nouveau visage de Johann Carta. Ce jour-là, Ettori et Porri le reçoivent dans un appartement des beaux quartiers de la capitale. Ils le surnomment « Georges Mendes », en référence à Jorge Mendes, un riche homme d’affaires portugais et agent de joueurs et d’entraîneurs de football. Dans la conversation, Ettori lance à Carta : « Alors, on signe ou on signe pas ? » Ce dernier lui répond qu’il a rendez-vous avec Antero Henrique, le directeur sportif du Paris-Saint-Germain (PSG).

Multiples activités

Après vérification, les discussions portaient sur un jeune joueur ajaccien promis à un bel avenir ainsi que sur son frère. La négociation n’aboutira pas avec le PSG, ni avec l’AS Roma, club de Serie A italienne, mais elle finira par se conclure, en septembre 2020, avec le club de Cagliari en Sardaigne. La justice s’interroge aujourd’hui sur le degré d’implication du Petit Bar dans cette transaction. Les propos d’Ettori relevaient-ils d’une simple moquerie à l’égard de Carta ou de l’illustration d’un intérêt occulte du Petit Bar ? Lire la suite.

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