Mélo malais : Meurtre mystérieux d’une top model

Jeudi 16 août 2007

Mélo malais : Meurtre mystérieux d’une top model

SEMAINE DU JEUDI 16 Août 2007

Qui a tué le mannequin Altantuya Shaaribuu ? Crime passionnel ou affaire d’Etat ? Sur fond de vente d’armes, le procès de son amant, un haut dirigeant malais, enflamme le royaume

Extraits de l’article de B. Birolli publié sur le site du Nouvel Observateur

Altantuya n’est peut-être pas seulement la victime d’une affaire de cœur. C’est en tout cas la thèse de son père, Steve Shaaribuu. Cet universitaire mongol ne cesse de le clamer : la mort de sa fille a été commanditée pour des raisons politiques par les plus hauts responsables du gouvernement. La preuve, dit-il : on a effacé dans les ordinateurs des services de l’immigration la trace de son entrée sur le sol malais. « Parce qu’elle en savait trop sur la corruption au sommet de l’Etat. »

Et l’homme meurtri de décrire sa fille non comme un top model, mais comme une polyglotte, jonglant entre l’anglais, le français et le russe. Une fille intelligente qui aurait été témoin de curieuses transactions impliquant son ex-amant et l’actuel vice-Premier ministre, Najib Tun Razak.

Razak Baginda a fait toute sa carrière dans l’ombre de ce dernier, un homme suave et élégant, fils d’un ex-Premier ministre.

Quand Najib Tun Razak dirigeait le ministère de la Défense, Razak Baginda assurait sa communication, et à titre officieux le conseillait en matière stratégique. En raison de l’influence qu’il exerçait sur son patron, il était très courtisé par les marchands d’armes. Il a joué un rôle clé lors de l’achat par la Malaisie de trois sous-marins français, dont deux Scorpène. Ce contrat de 1 milliard d’euros a été remporté par la Direction des Constructions navales (DCN) et Thales en partenariat avec un chantier naval espagnol. La livraison est prévue pour 2009.

Une société malaise, Perimekar, est chargée de former les futurs équipages. Le nom de son dirigeant ? Razak Baginda. Coût de ses services ? 114 millions d’euros !

Accusé par l’opposition d’avoir favorisé Perimekar, qui n’a aucune expérience dans l’industrie de l’armement, le vice-ministre de la Défense a expliqué en décembre dernier que le choix de cette entreprise ainsi que le montant du contrat étaient le fait de « la partie française », insinuant à demi-mot que Thales avait versé à Baginda une rétrocommission pour son aide dans l’obtention du contrat des Scorpène.

Altantuya a-t-elle assisté à ces négociations ? A-t-elle servi d’interprète ? A-t-elle eu accès à des informations compromettantes pour les autorités malaises, et notamment pour le vice-Premier ministre, appelé, sauf incident de parcours, au plus haut destin national ? C’est ce que pense sa famille. Qui évoque un voyage en France avec son amant. Baginda s’est en effet rendu deux fois à l’ambassade de France de Kuala Lumpur pour lui faciliter la délivrance d’un visa. Que sont allés faire les deux amoureux en France ? Une escapade romantique ou la négociation du contrat du siècle ? La cousine d’Altantuya se souvient d’une photo que celle-ci lui avait montrée : on la voyait, en France, au côté de Razak Baginda, à table avec plusieurs officiels malais, dont un certain « M. Razak ». Baginda ou Najib ? On ne sait pas. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que Najib Tun Razak s’est rendu en France du 9 au 13 juin 2005. En visite officielle au Salon du Bourget et à Cherbourg, où, comme ministre de la Défense, il venait s’enquérir des avancées dans le chantier des Scorpène.

Lire la suite de l’article sur le site du Nouvel Observateur.

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