Le débat sur la taxation des plus riches fait son grand retour

Mercredi 10 juin 2020

Politique ISF

Le débat sur la taxation des plus riches fait son grand retour

Dans un jeu politique plus bipolaire que jamais, le débat sur la suppression de l’ISF, et plus largement sur qui doit contribuer à la facture de la crise, ressurgit avec une vigueur nouvelle.

Par Sarah Belouezzane, Audrey Tonnelier, Alexandre Lemarié, Sylvia Zappi et Julie Carriat Publié aujourd’hui à 05h21, mis à jour à 13h30

C’est l’un des débats structurants de l’après-crise, apparu dès les prémices du déconfinement, suivant des clivages politiques anciens. D’un côté, les partisans d’un rattrapage économique accéléré, prêts à brandir la nécessité de travailler plus ou de diminuer les salaires. De l’autre, ceux qui entendent faire contribuer les plus aisés à la facture de la crise, à l’issue d’une pandémie qui a érigé en héros les « premiers de corvée ».

Dans ce jeu politique plus bipolaire que jamais, le débat sur la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui a déjà caricaturé Emmanuel Macron en « président des riches » au début de son quinquennat, ressurgit avec une vigueur nouvelle.

Au Parlement, l’opposition de gauche multiplie les propositions pour rétablir l’ISF ou créer une contribution exceptionnelle ponctionnée sur les plus grandes fortunes. Dans la majorité, on tente d’éviter de renier les choix du premier acte du quinquennat, tout en esquivant le reproche d’être sourd aux revendications légitimes des « héros » de la crise sanitaire.

Les défenseurs d’une plus large imposition des fortunes n’ont pas attendu le déconfinement pour porter cette analyse. Mais la crise sanitaire et économique, en faisant planer la menace d’une récession appauvrissant en premier lieu les travailleurs « essentiels » de ces trois derniers mois, réactive le débat.

Dès le 6 mai, dans un entretien au Monde, Laurent Berger, à la tête de la CFDT, plaidait pour « une contribution accrue des plus riches, notamment en appliquant aux revenus du capital le même barème que celui des revenus du travail et en ajoutant une tranche supplémentaire d’impôt sur le revenu ». L’économiste Esther Duflo, prix Nobel d’économie 2019, s’est déclarée favorable mi-mai au rétablissement de l’ISF en France, jugé « raisonnable ».

« Les 1 % les plus riches aideraient les 99 % restants »

Après avoir conseillé la candidate démocrate américaine Elizabeth Warren sur la taxation des plus riches, les économistes Gabriel Zucman et Emmanuel Saez, avec Camille Landais, proposent pour leur part une taxation progressive de 1 % des Européens les plus riches, pour une durée limitée, afin d’assurer le remboursement des dettes mutualisées créées par la crise ou d’abonder un fonds d’urgence commun. Plutôt que de réduire la dette publique par le biais de l’inflation, la rembourser par une taxe progressive sur le patrimoine des 1 % serait une « réalisation concrète » de la solidarité européenne contre l’épidémie, font-ils valoir. Lire la suite.

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