La justice suisse boucle le dossier Salinas

Vendredi 14 septembre 2007

15 mai 2002 - 15:14

La justice suisse boucle le dossier Salinas

Légende photo : Raul Salinas de Gortari, frère de l’ancien président du Mexique, est incarcéré au pénitencier d’Almoloya de Juarez. (Keystone Archive)

Il aura fallu sept ans pour venir à bout de l’affaire Raul Salinas. Le dossier repart pour Mexico. Mais 130 millions de dollars restent en Suisse.

Le 15 novembre 1995, Paulina Castanon et son frère Antonio sont arrêtés alors qu’ils se rendent dans une banque à Genève, sur ordre de Carla Del Ponte, procureur de la Confédération.

Paulina Castanon est la femme de Raul Salinas de Gortari, frère de Carlos Salinas, ancien président du Mexique.

Raul Salinas purge une peine de prison de 27 ans pour avoir commandité le meurtre de son beau-frère, Francisco Ruiz Massieu, en 1994, candidat à l’élection présidentielle. Il est également soupçonné d’avoir facilité le passage de la cocaïne provenant de Colombie vers les Etats-Unis.

La Suisse séquestre 118 millions de dollars. Avec les intérêts, la somme grimpe aujourd’hui à 130 millions.

Une ordonnance signée Paul Perraudin

Le juge d’instruction genevois Paul Perraudin, en charge du dossier depuis 1999 (près de 300 classeurs fédéraux), vient de signer une ordonnance de soit-communiqué, comme le révèle mercredi La Tribune de Genève.

Il demande au procureur général d’expédier la procédure au Mexique. « C’est dans ce pays que le crime principal a été commis », rappelle le magistrat suisse. Lors de son séjour au Mexique en juillet 2001, Paul Perraudin avait inculpé Raul Salinas pour blanchiment.

Pourquoi ce dossier, apparemment simple, a-t-il pris autant de temps ? En juillet 1999, la Chambre d’accusation du Tribunal fédéral a donné raison à Raul Salinas et à son épouse.

En effet, à cette époque, la Confédération n’avait pas le droit de saisir des fonds dans une affaire de blanchiment d’argent. Cette infraction était du ressort des cantons, en l’occurrence de Genève.

Paul Perraudin, habitué aux enquêtes de longue haleine, a donc repris l’affaire à zéro. Les accusations de trafic de drogue avaient été portées par l’agence américaine Drug Enforcement Administration (DEA), et relayée immédiatement par le Ministère public de la Confédération. Encore faut-il le démontrer. Raul Salinas a toujours nié les faits.

Trafic de drogue ou corruption ?

C’est oublier que cet homme, emprisonné au pénitencier mexicain d’Almoloya de Juarez, était aussi le frère de Carlos Salinas de Gortari, président de la République de 1988 à 1994. Ce dernier vit en exil en Irlande. Et si les millions de dollars séquestrés à Genève et à Zurich provenaient d’un pillage des caisses de l’Etat et non du trafic de drogue ?

Si c’était le cas, l’argent serait renvoyé au Mexique, le pays lésé. En revanche, en cas de trafic de drogue, la Suisse, qui a mené les investigations les plus poussées, pourrait conserver une partie du pactole.

Cette fois-ci, les banques suisses ne sont pas dans le collimateur, Raul Salinas plaçait son argent à la Citibank, caché sous les surnoms de « Bonaparte » et de « CC2 », pour « Confidential Client number 2 ».

swissinfo/Ian Hamel

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