L’abattement des brigades du fric

Mardi 3 octobre 2017

À la poursuite de l’argent sale

L’abattement des brigades du fric

Crise des vocations, manque de moyens : les enquêteurs spécialisés en délinquance économique et financière n’ont pas trop le moral.

25 septembre 2017 Épisode n° 2

Texte Camille Polloni Photo Lionel Charrier/Myop

Dans la série The Wire (Sur écoute en français), une fiction très documentée consacrée au trafic de drogues à Baltimore, Lester Freamon est un vieux flic flegmatique passionné par les circuits de blanchiment. Il y réfléchit en fabriquant des meubles en bois miniatures, assis à son bureau. Même si ses collègues sont de bons policiers, Lester a suffisamment d’expérience pour leur donner ce conseil : « Si vous suivez la drogue, vous attrapez des camés et des dealers. Mais si vous vous mettez à suivre l’argent, vous ne pouvez pas imaginer jusqu’où ça vous conduira. » Les cousins français de Lester Freamon travaillent pour la police, la gendarmerie ou la douane. Ces enquêteurs spécialisés en délinquance économique et financière n’ont pas trop le moral.

En 2013, la création du Parquet national financier (lire l’épisode 1, « Juges de pèze ») s’est accompagnée d’une redistribution des cartes, côté police judiciaire. Un nouveau service est né, voué à devenir le meilleur ami du PNF : l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF, généralement prononcé « Oklif » pour simplifier). Installé dans un immeuble sans âme de Nanterre, il succède à l’ancienne Division nationale d’investigations financières et fiscales (Dniff). Au delà du ravalement de façade, le tournant de 2013 a permis de doubler les effectifs, avec une petite centaine de policiers spécialisés. Mais en juin dernier, le procureur de la République financier Éliane Houlette déplorait qu’ils ne soient déjà plus que 85, pour « 350 enquêtes en cours ». Lire la suite.

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