Monaco Le repreneur de l’AS monaco sentait le soufre

Samedi 8 février 2003 — Dernier ajout samedi 4 août 2007

Journal l’Humanité

Rubrique International

Article paru dans l’édition du 8 février 2003.

Monaco Le repreneur de l’AS monaco sentait le soufre

Correspondant régional.

Alors que la campagne électorale venait de s’ouvrir avec la présentation officielle de la liste UND. et à la veille de la tenue d’un conseil d’administration de l’AS Monaco Football Club qui devait décider de mesures pour redresser sa situation financière désastreuse (53 millions d’euros de dettes notamment), le journal Le Monde révélait l’existence d’une note de la direction centrale des Renseignements généraux datée d’août 1997 soulignant que la société Fedcominvest Monaco SAM, sponsor-maillot de l’équipe professionnelle et candidate à la reprise du club monégasque, « est soupçonnée d’être une vitrine légale de la criminalité organisée d’Europe orientale ».

Notre confrère précisait en outre que le parquet antimafia italien avait lancé une enquête visant des délinquants présumés, impliqués dans des affaires de blanchiment d’argent et de trafic de passeports, à l’issue de laquelle apparaissait le nom d’Aleksej Fedoricsev, le président de « Fedcom » qui aurait une double nationalité, hongroise et russe. L’article sortait à peine de la rotative le 19 décembre qu’un communiqué du Palais annonçait que le Prince Rainier III mettait son veto à la reprise du club par le groupe russe. Coup dur pour le président de l’AS Monaco qui avouait « ne pas avoir d’autres solutions » que d’accepter les cent millions d’euros proposés par ce négociant international en soufre et fertilisants agricoles. Et peau de banane, une de plus, pour le président du Conseil national candidat, ce 9 février, à sa propre succession et dont les relations politiques avec le Prince Albert sont loin d’être au beau fixe.

Fedcominvest qui se présente comme « une société entretenant des relations transparentes avec ses partenaires économiques tous bien connus dans le monde entier » avait beau « réfuter toutes les accusations », une enquête judiciaire préliminaire était ouverte sur elle à la mi-janvier, « par acquis de conscience » selon l’expression du Procureur général de Monaco Daniel Serdet, enquête autorisant la Sûreté monégasque à mener des investigations à l’étranger.

Cette série de signaux forts envoyés par le Palais à l’opinion publique monégasque aura-t-elle une influence sur le scrutin de dimanche ? En tout cas la soeur du Dr Campora a déjà annoncé, en vue des élections municipales de fin février qu’elle renonçait à une nouvelle écharpe de maire de Monaco. Ce qui n’a bien sûr aucun rapport avec ce qui précède. Quant à Jean-Louis Campora, il n’a pas dit son dernier mot : il fait sien un plan de reprise du club « rouge et blanc » par de riches entrepreneurs du cru et il a obtenu du meneur de jeu argentin Marcello Gallardo le prolongement de son contrat pour trois ans.

Presque la durée d’un mandat de député monégasque.

P. J.

Publié avec l’aimable autorisation du journal l’Humanité.

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