Canal+ : Bolloré a-t-il zappé un « Spécial Investigation » sur le Crédit mutuel ?

Mercredi 29 juillet 2015 — Dernier ajout mardi 10 août 2021

Canal+ : Bolloré a-t-il zappé un « Spécial Investigation » sur le Crédit mutuel ?

Initialement programmé le 18 mai, ce reportage révélait des informations embarrassantes pour cette banque, proche du nouveau patron de Canal+.

Source AFP

Publié le 29/07/2015 à 18:35 | Le Point.fr

Vincent Bolloré, le patron de Vivendi, aurait personnellement fait censurer, d’un coup de fil, une enquête sur le Crédit mutuel, banque dont il est proche, qui devait être diffusée en mai sur Canal+, filiale de Vivendi, rapporte mercredi Mediapart. Initialement programmé le 18 mai dans Spécial Investigation, « ce film contient plusieurs révélations embarrassantes » pour le Crédit mutuel, banque avec laquelle Vivendi a de « nombreux liens d’intérêt », écrit Mediapart, partenaire de l’enquête. Selon Mediapart, Vincent Bolloré a appelé le directeur général de Canal+ d’alors, Rodolphe Belmer (évincé depuis), pour « faire valoir ses liens d’amitié avec Michel Lucas, le patron du Crédit mutuel », et la décision a été prise de ne pas diffuser le film.

« Évasion fiscale, une affaire française »

Au même moment, Vivendi annonçait le 12 mai le lancement d’une OPA amicale pour prendre le contrôle total de Canal+, opération copilotée et garantie par le Crédit mutuel, via sa filiale CM-CIC Securities. Cité par Mediapart, Jean-Pierre Canet, rédacteur en chef du documentaire et membre de la société de production KM Prod, a dénoncé cette censure. « En quinze ans, je n’avais encore jamais vécu une censure aussi franche et brutale », a-t-il déclaré. « Aucune concertation ni aucune négociation n’a été possible avec la direction ou l’actionnaire principal de Canal+ », poursuit-il. Interrogés, ni le porte-parole de Vincent Bolloré ni Vivendi ni le Crédit mutuel n’ont fait de commentaires. L’enquête, intitulée Évasion fiscale, une affaire française, portait sur le Crédit mutuel, soupçonné à l’instar de ses consoeurs étrangères UBS ou HSBC d’avoir organisé un vaste système d’évasion fiscale via ses filiales suisse et monégasque.

Une enquête judiciaire pour soupçons de fraude fiscale a été ouverte fin 2014 contre le groupe bancaire français, par ailleurs propriétaire de nombreux quotidiens régionaux (Le Progrès, Le Dauphiné libéré, L’Est républicain…), rappelle Mediapart.

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