Corruption et règlements de comptes au procès Sonatrach

Dimanche 7 juin 2015

Corruption et règlements de comptes au procès Sonatrach

L’ancien patron de la Sonatrach, puissante société nationale pétrolière, est jugé à partir de dimanche en Algérie pour fraude et blanchiment. Les procès pour affairisme se multiplient dans le pays.

Dans un pays, l’Algérie, dont 95% des recettes proviennent des hydrocarbures, le PDG de la compagnie nationale qui en assure l’exploitation et les exportations est plus important qu’un ministre. D’où l’importance du procès Sonatrach, qui s’ouvre aujourd’hui devant le tribunal criminel d’Alger après avoir été reporté à de nombreuses reprises. Quinze personnes dont l’ex-PDG, Mohamed Meziane, huit directeurs exécutifs du groupe, dont Amar Zenasni, responsable du transport par pipeline et le directeur des activités « amont », Belkacem Boumediene, ainsi que quatre entreprises étrangères sont poursuivies pour corruption.

Mohamed Meziane, qui présidait la compagnie entre 2003 et 2010, sous la présidence Bouteflika, est accusé, selon l’arrêt de renvoi, d’avoir octroyé un projet d’acquisition d’équipements de télésurveillance et de protection électronique à un groupe allemand en contrepartie de l’acquisition par ses deux enfants d’actions dans ce groupe. On lui reproche également d’avoir « frauduleusement » accordé le projet de réfection d’un siège de la société à une autre entreprise allemande. Les investigations menées par le puissant département de renseignement et de la sécurité (DRS) ont révélé que la Sonatrach avait également conclu un marché « douteux » avec la société française ­Saipem pour la réalisation du gazoduc liant l’Algérie à la Sardaigne. Un autre procès dit « Sonatrach II », dont l’instruction est en cours, vise l’ex-ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, qui a trouvé refuge aux États-Unis.

« Des deals au détriment des intérêts de l’État »

Corruption, blanchiment, fraude, malversations, la justice algérienne a rendu son verdict, début mai, dans un autre procès, celui de l’autoroute Est-Ouest, gigantesque projet de plus de 1.200 km devant relier la frontière marocaine à la frontière tunisienne. Lancé en 2006, non encore achevé, il a englouti à ce jour plus de 11 milliards de dollars alors qu’il a été évalué à son lancement à quelque 6 milliards de dollars. Le banquier à la tête de cette entreprise pharaonique a beau avoir plaidé que ses aveux ont été obtenus sous la torture, il a été condamné à dix ans de prison et ses comptes au Luxembourg ont été saisis. Si la cascade de procès révèle l’ampleur de la corruption en Algérie, certains considèrent qu’il ne s’agit là que d’une infime partie de celle qui gangrène les institutions. Lire la suite sur le site du JDD.

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