Hervé Falciani, héros des lanceurs d’alerte de la finance mondialisée

Jeudi 12 février 2015

Hervé Falciani, héros des lanceurs d’alerte de la finance mondialisée

AFP le 09/02/2015 à 21:12

L’informaticien Hervé Falciani, dont les fichiers de la banque HSBC ont permis à un consortium de journalistes mené par Le Monde de dévoiler un immense système d’évasion fiscale européen, est un héros chez les lanceurs d’alerte de la finance mondialisée.

« Il est courageux. Nous pensons le plus grand bien du travail de M. Falciani, quelles qu’aient pu être ses motivations, il a servi le bien public » dit à l’AFP le vice-président de l’association française Anticor, Eric Alt, qui lutte contre la corruption et l’évasion fiscale.

Feu follet du « SwissLeaks », poursuivi par la Suisse, protégé par la France et l’Espagne, cet élégant franco-italien de 42 ans qui vit entre la France et l’Espagne, a commencé comme employé de casino à Monaco au début des années 90, puis est devenu informaticien de la banque HSBC en 2000, d’abord à Monaco, puis à Genève en 2005.

Le parcours rocambolesque de celui que la presse française surnomme le « Snowden de la fraude fiscale » ou « l’homme qui fait trembler les riches » est digne d’un roman d’espionnage tel que raconté par l’un des journalistes du Monde, Gérard Davet, auteur de l’enquête publiée lundi :

« Il avait obtenu accès à des données cryptées qui n’ont plus été cryptées pendant un court moment. Il se les procure puis essaie de partir avec sa maîtresse pour les vendre au Liban, ça ne marche pas. Il revient en Suisse, qui veut l’arrêter, le met sur écoutes, il s’en rend compte, mais au même moment il est en relation avec les services secrets français, il se réfugie en France et décide de se transformer en lanceur d’alerte. Il transmet ses fichiers au fisc français », a expliqué M. Davet sur France Inter lundi.

Le ministère des Finances, à l’époque dirigé par Christine Lagarde transmet la liste à d’autres pays, comme la Grèce, où elle est connue sous le nom de « liste Lagarde » et provoque un scandale national dans un pays en pleine crise. En Espagne, la liste des exilés fiscaux révélée par Hervé Falciani est connue sous le nom de « liste HSBC ».

Le lanceur d’alerte a même fait quelques mois de prison en Espagne à la demande de la justice suisse, avant de finalement collaborer avec les autorités espagnoles qui lui accordent une protection policière ainsi qu’avec la France. Les deux pays refusent de l’extrader vers la Suisse qui le recherche pour « soustraction de données » et « violation du secret bancaire et du secret commercial ».

La presse suisse met, elle, en valeur « les bisbilles » d’Hervé Falciani avec son employeur « au sujet de son salaire », certains articles s’attachant à le décrire comme « séducteur » et « pragmatique », en récusant le portrait « idéaliste » fait de lui en France.

En France, en échange d’un salaire de 3.500 euros par mois, l’informaticien aide depuis quelques mois à « transmettre l’innovation » entre l’administration fiscale et l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique)" où il a travaillé comme chercheur pendant des années.

Lors de son audition devant le Sénat français le 16 juillet 2013, M. Falciani estime qu’il représente « une menace pour le bien le plus précieux des banques privées : leur réputation » et se déclare « menacé », en réclamant un soutien « étatique » à son combat.

M. Falciani estime que « la fraude fiscale est le résultat d’une volonté, pas d’un hasard ». « C’est une organisation, une industrie » ajoute-t-il dans L’Obs en juin 2014.

Son combat solitaire contre la finance mondialisée lui a donné le goût de l’action collective et de la politique. Il alterne entre « Nouvelle Donne » le mouvement souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan et la gauche radicale tendance Podemos en Espagne et ne cache pas sa « sympathie » pour la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann ou encore le député PS Yann Galut.

Lors des dernières Européennes, il est même tête de liste en Espagne sous les couleurs de Partito X, une formation née du mouvement des « Indignés », mais n’a pas été élu. le parti anti libéral Podemos a annoncé lundi qu’il allait lui commander un rapport sur la lutte contre la fraude fiscale.

Hervé Falciani est annoncé mardi à Barcelone où il doit participer via video-conférence à une rencontre organisée par le groupe d’activistes X Net, au sujet de la publication des « listes Falciani » d’évadés fiscaux révélées par Le Monde.=

AFP

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