Les mauvaises manières lyonnaises d’une filiale du Crédit Mutuel

Samedi 11 janvier 2014

Les mauvaises manières lyonnaises d’une filiale du Crédit Mutuel

Par Xavier Monnier mar, 07/01/2014 - 19:45

La justice monégasque n’est pas la seule à s’intéresser aux agissements de la banque Pasche, filiale du respectable groupe Crédit Mutuel-CIC. Deux procédures judiciaires menées à Lyon intriguent particulièrement les enquêteurs de la principauté, sur la piste d’un système de blanchiment de capitaux et d’évasion fiscale.

Les fêtes sont passées, les cadeaux ont été distribués et le ménage fait. Sur son site Internet, le groupe Banque Pasche, filiale du Crédit Mutuel-CIC, ne revendique plus la propriété de son établissement monégasque. Vendu dans les derniers mois de l’année dernière à la banque luxembourgeoise Havilland, le comptoir commençait à entacher la proprette réputation de la banque à qui parler. Surnommée « la banque cash » sur le Rocher, l’enseigne est depuis juillet dernier la cible d’une enquête de la brigade financière de la principauté, saisie de possibles faits de blanchiment et de fraude fiscale. Une pierre dans le jardin de sa maison mère - d’autant que, comme l’a narré Bakchich, ses dirigeants ne pouvaient ignorer les faits.

[…] Depuis lors, la sûreté publique bûche, multiplie les discrètes auditions et se pique d’intérêt pour les agissements de la banque Pasche – au-delà même des étroites limites de l’État-confetti. La curiosité des policiers monégasques porte notamment sur une procédure qui a défrayé la chronique lyonnaise en 2011. Labyrinthe bancaire à la lyonnaise

Abus de faiblesse, abus de confiance, démarchage illicite de clients, héritage spolié : les motifs de la saisine du tribunal de commerce de Lyon par les héritiers des fondateurs de la marque La Canadienne, avaient émoustillé des plumes de presse qui avaient joliment présenté le dossier comme une « affaire Bettencourt » locale. En fait de quoi : aucune ramification politique n’a été mise au jour, mais les étranges manières de la part de la Lyonnaise de Banque et de la banque Pasche Genève ont été mises en évidence. Une saga qui mérite d’être contée.

Fils des fondateurs de la Canadienne, Roland Chabot découvre au décès de sa mère, en 2004, que ses parents ont planqué quelques émoluments loin des yeux du fisc français, en Suisse. Un pactole de quelques 54 millions de francs suisses dont il aura le plus grand mal à retracer le parcours. D’abord logé au Crédit suisse, le magot a été récupéré par la Banque Pasche en 2000. Le chargé d’affaires suisse présente alors à madame Chabot un avocat genevois de sa connaissance, qui crée pour la richissime veuve une fondation liechtensteinoise, Stani, dont les comptes sont logés dans la même banque Pasche. Un an après, soit en octobre 2001, les fonds abondent les comptes d’une société panaméenne, entièrement détenue par Stani et toujours cliente de la banque Pasche. Autant d’opérations réalisées sans le moindre souci de ce que les lois françaises et suisses prévoient pour lutter contre le blanchiment ou l’évasion fiscale.

40 % d’évaporation

L’héritier Chabot aura le plus grand mal à obtenir de la fondation créée au nom de sa mère et de la banque Pasche la restitution des actifs : lui est opposé le secret professionnel…

Après quatre ans de procédures devant les tribunaux de Vaduz, l’homme met enfin la main sur le pactole de la Fondation Stani début 2011, et le déclare à l’administration fiscale française pour le régulariser. Il s’aperçoit alors de la déperdition de dizaines de millions dans le labyrinthe bancaire, favorisée par l’étonnante gestion de la Banque Pasche.

Entre droits de garde, commissions exorbitantes, jeux boursiers et retraits en liquide, son pécule a fondu de près de 40%, passant de 61 millions de francs suisse à un peu plus de 38 millions entre 2001 et 2006… Lire la suite.

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