Brecqhou, l’île noire des mystérieux frères Barclay

Lundi 5 août 2013

Brecqhou, l’île noire des mystérieux frères Barclay

LE MONDE | 04.08.2013 à 15h23 • Mis à jour le 04.08.2013 à 17h25 | Par Marc Roche

Le rocher de Brecqhou se révèle au détour d’un chemin serpentant le long de la côte ouest de l’île anglo-normande de Sercq. Sur ce caillou long de moins d’un kilomètre, protégé par de hautes falaises, les hommes d’affaires Frederick et David Barclay ont niché leur fief.

Un château aux remparts crénelés, copie d’un manoir de style Tudor du XVIe siècle, des jardins à la Giverny, un étang à carpes, des vignes, une vingtaine de canons et une énorme croix : il ne manque que le pont-levis à cette imitation du château de la Belle au bois dormant.

L’intérieur est un vrai musée baroque, avec des lustres gigantesques, des plafonds peints sur le modèle de la chapelle Sixtine, des marbres, d’immenses tapisseries et cheminées ainsi qu’une salle de banquet somptueusement décorée. L’argent a coulé à flots.

[…] UN PARADIS FISCAL COMME ON N’EN FAIT PLUS

Dans l’île, les Barclay ne sont toutefois pas sans appuis. Bob Parsons, éditeur du mensuel Sark Scribe, revendique son impartialité : « La situation est bloquée en raison de l’intransigeance des deux parties. » Mais le journaliste applaudit la manne financière qui a permis la rénovation d’hôtels et de magasins et la mise en place de nouvelles infrastructures. « Je ne pense pas que leur objectif est de faire main basse sur Sercq. »

Dans la City, les Barclay passent pour des investisseurs prudents et avisés. Pourquoi cet acharnement à vouloir à tout prix mettre la main sur ce territoire dans lequel ils ont investi 30 millions de livres (34 millions d’euros) sans en tirer grand profit, à les entendre ? Il y a un côté Howard Hughes chez ces obsédés du secret.

Et pour cause, une enquête de la BBC, diffusée le 17 décembre 2012, a révélé la pratique intensive par les Barclay de l’évasion fiscale et cela en toute légalité. Sercq est un paradis fiscal comme on n’en fait plus : pas d’impôt sur le revenu, ni sur le capital, ni sur l’héritage. En étant à la fois résidents de Monaco et de Brecqhou, les jumeaux ne paient pas l’impôt sur les sociétés. Leurs avoirs sont dissimulés dans des compagnies, trusts et fondations domiciliés off shore. Les intéressés n’ont pas répondu aux courriels demandant leur version des faits.

« Je ne vois qu’une seule explication à ces actes litigieux : créer à Brecqhou une juridiction indépendante de la Couronne, de son gouvernement ou de ses lois, sous le contrôle total des frères Barclay », insiste Me Arditti. Les frères pourront alors régner par la grâce de Dieu sur le rocher de tous les fantasmes transformé en centre financier off shore doté de tous les atouts. On a toujours besoin d’un petit Monaco chez soi… Lire la suite sur le site du journal Le Monde.

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