Evasion fiscale : un banquier suisse promet des révélations sur les politiciens français

Jeudi 13 juin 2013

Evasion fiscale : un banquier suisse promet des révélations sur les politiciens français

Par Les Echos | 13/06 | 14:07 | mis à jour à 16:13 |

Auditionné jeudi par une commission parlementaire, un ex-cadre de la banque suisse Reyl & Cie affirme qu’il possède une liste d’hommes politiques français détenant un compte en Suisse. Une évasion fiscale estimée à plusieurs milliards d’euros par an.

Affaire Cahuzac, affaire Tapie, affaire UBS France… En France, la chronique politico-judiciaire tourne à la grande braderie. Et le déballage est loin d’être terminé. Pierre Condamin-Gerbier, un ancien cadre de la banque suisse Reyl & Cie - l’établissement qui abritait le compte de Jérôme Cahuzac , affirme qu’il a en sa possession une liste d’hommes politiques français détenant un compte en Suisse, a déclaré jeudi le député PS Yann Galut qui est aussi le rapporteur du projet de loi de lutte contre la fraude fiscale.

Pierre Condamin-Gerbier et Nicolas Forissier, un autre ex-banquier qui travaillait pour UBS, ont été auditionnés jeudi par la commission des Finances de l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de lutte contre la fraude fiscale présenté après l’éclatement de l’affaire qui a entraîné la démission de l’ancien ministre du Budget. « Ce que M. Condamin-Gerbier nous a dit de manière générale, c’est qu’il avait eu connaissance d’hommes politiques, sans nous citer ni leur appartenance, ni leur sensibilité qui, d’après lui, auraient pratiqué cette évasion fiscale », a déclaré Yann Galut cité par Reuters en précisant que l’ancien banquier n’avait cité aucun nom. « Il nous a dit qu’il réservait ses déclarations aux autorités judiciaires », a-t-il poursuivi.

Tout en rappelant que les membres de la commission des Finances ne sont ni des juges d’instruction, ni le parquet, Yann Galut considère néanmoins qu’il ne faut pas prendre ces révélations « à la légère ». « Il nous a confirmé, sans nous dire +c’est l’actuel ou l’ancien gouvernement+, que c’était un système généralisé qui touchait une minorité d’élus qui avaient des postes importants de notre République », a ajouté Yann Galut. « Il a des documents, il a des preuves. Il faut absolument, bien entendu, dans cette affaire comme dans d’autres, que la justice fasse son travail en toute indépendance. »

Système industriel

Selon lui, les deux anciens banquiers ont découvert un système « industriel » de « fuites et d’évasions fiscales », l’un d’eux allant jusqu’à parler de « pillage de notre épargne par la Suisse ». « Ils ont été extrêmement précis tous les deux dans les méthodes qui sont mises en place pour qu’une certaine clientèle soit à la fois prospectée en France, soit approchée en France et que par des intermédiaires ou des pratiques totalement illégales des comptes puissent être ouverts en Suisse », a-t-il poursuivi. Pour quelles sommes ? Pierre Condamin-Gerbier et Nicolas Forissier auraient estimé cette évasion fiscale à « plusieurs milliards d’euros par an » alors que l’estimation totale pour la France est de 50 à 80 milliards d’euros, et précisé que « toutes les banques suisses » y participaient. Lire la suite.

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