Deux juges d’instruction chargés de l’affaire Cahuzac

Mercredi 20 mars 2013 — Dernier ajout mardi 13 septembre 2016

Deux juges d’instruction chargés de l’affaire Cahuzac

PARIS (Reuters) - Deux magistrats du pôle financier du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris vont enquêter sur l’affaire Jérôme Cahuzac après l’ouverture, mardi, d’une information judiciaire le visant, a-t-on appris mercredi auprès du secrétariat de la présidence du TGI.

Les juges d’instruction Roger Le Loire, doyen du pôle financier et Renaud Van Ruymbeke ont été désignés mercredi matin dans ce dossier, a-t-on indiqué.

Jérôme Cahuzac est soupçonné d’avoir détenu un compte en Suisse chez la banque UBS, ce qu’il a toujours catégoriquement nié.

Un témoin auditionné pendant l’enquête préliminaire de police a également indiqué que les sommes versées sur ce supposé compte proviendraient de laboratoires pharmaceutiques, a rapporté le parquet de Paris.

Une information judiciaire contre X visant l’ancien ministre du Budget a été ouverte mardi pour blanchiment de fraude fiscale, mais aussi perception par un membre d’une profession médicale d’avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la sécurité sociale, blanchiment et recel de ce délit.

La Suisse a confirmé mercredi avoir reçu une demande d’entraide judiciaire de la France dans le dossier de Jérôme Cahuzac.

Outre la recherche d’un éventuel compte en Suisse et, si cela s’avérait positif, à Singapour où l’argent aurait été transféré, les juges vont chercher à déterminer d’où provenaient les dépôts et si l’ancien ministre s’est fait rémunérer de façon illicite par des laboratoires pharmaceutiques.

CONSEIL DE LABORATOIRES

Ce dernier élément, peu mis en avant jusque-là, a pu peser dans la démission de l’ancien député, susceptible d’être soupçonné de conflit d’intérêts.

Chirurgien de formation, Jérôme Cahuzac avait commencé par exercer en cardiologie dans le public avant de créer une clinique spécialisée dans la greffe du cheveu avec son épouse, et de conseiller des laboratoires pharmaceutiques.

L’entourage de Jérôme Cahuzac expliquait en décembre dernier qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêts car ce dernier arrêtait ses activités dès qu’il exerçait un mandat électoral.

L’activité de conseil a ainsi cessé en 1997 en raison de la dissolution de l’Assemblée, qui lui a permis d’être élu député du Lot-et-Garonne plus tôt qu’il ne l’envisageait. « Aucun honoraire n’a été perçu au-delà de ceux prévus dans les contrats signés jusqu’en mars 1997 », ajoutait-on.

Jérôme Cahuzac et Claude Evin, ex-ministre de la Santé, « sont particulièrement connus pour vouloir ’sanctionner l’industrie pharmaceutique’ », soulignait-on.

Quand à la « clinique Cahuzac », elle n’était autre que l’association de deux médecins libéraux - Jérôme Cahuzac et son épouse - et n’avait pas d’existence juridique, affirmait encore son entourage. « L’intégralité des honoraires a toujours été déclarée et dûment taxée. »

Chine Labbé et Gérard Bon, édité par Patrick Vignal

Reuters

Revenir en haut