Chypre, le petit paradis (fiscal) à la tête de l’Europe

Lundi 2 juillet 2012

Chypre, le petit paradis (fiscal) à la tête de l’Europe

La présidence tournante du Conseil de l’Union européenne sera assurée dès le 1er juillet par Chypre : un paradis fiscal aux abois, une île coupée en deux en plein conflit avec la Turquie… Alors que l’Europe est en crise, l’idée n’est peut-être pas si bonne.

Extrait de l’article mis en ligne sur Slate.fr :

L’argent n’a pas d’odeur…

« Mais pas d’odeur vous monte au nez », chantait Brel. Voilà qui sied bien à la République de Chypre et qui donne un rappel à l’UE sur sa future présidence : oui, il existe encore, en Europe, des paradis fiscaux —celui-là a même un président communiste, Dimitris Christofias.

Car Chypre est bel et bien un paradis fiscal. Certes, un petit paradis fiscal qui communique avec ses partenaires européens, mais un paradis fiscal quand même. « En termes d’échelle, c’est un acteur insignifiant dans le secteur des services financiers offshore en comparaison avec Londres, Luxembourg ou Zurich par exemple, constate John Christensen, directeur du Réseau pour la justice fiscale. Toutefois, c’est une niche pour les flux illicites entre les ex-pays de l’Union soviétique. »

Le Réseau pour la justice fiscale a publié un rapport sur la situation de Chypre en octobre 2011. John Christensen en fait le résumé :

« Le pays doit encore prendre des mesures pour renforcer son régime : ce qui comprend la divulgation d’informations sur l’appartenance des sociétés, l’obtention et l’échange d’informations sur les comptes bancaires offshore détenus dans les banques chypriotes. Le côté positif, c’est que Chypre participe pleinement à la directive de l’UE sur la fiscalité de l’épargne, qui a adopté l’échange automatique d’informations comme moyen de dissuasion efficace face à l’évasion fiscale. »

Mais tout paradis fiscal qu’il est, Chypre connaît quand même la crise, et cherche actuellement à se faire prêter quelques milliards d’euros. Comme il redoute un plan de sauvetage européen parce qu’officiellement, cela l’obligerait à mettre en place des mesures d’austérité, il recherche justement du côté de l’ex-URSS et y trouve réponse : Moscou, qui a déjà prêté à Chypre 2,5 milliards d’euros l’année dernière, devrait renflouer Nicosie une fois de plus, mais, cette fois-ci, on parle de 5 milliards… En début de semaine, Chypre a toutefois officialisé, à reculons, une demande d’aide européenne.

Derrière le souhait de ne pas se faire « sauver » par l’UE se cacherait la peur de devoir relever son taux d’imposition pour les sociétés ; Chypre taxe en effet les entreprises privées à 10%, c’est le pourcentage le moins élevé des Etats membres de l’Union. Un jeu d’équilibriste habile : en se faisant prêter de l’argent par la Russie, Chypre conserve son avantage pour les entreprises tout en continuant à faire circuler les flux obscurs de l’ex-URSS. Lire la suite.

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