SGKB/Hyposwiss : un rapport du réviseur « maison » récuse le blanchiment

Mercredi 21 décembre 2011

SGKB/Hyposwiss : un rapport du réviseur « maison » récuse le blanchiment

Zurich (awp) - Hyposwiss Private Bank dit ne pas avoir blanchi d’argent sale. Cette filiale à 100% de la Banque Cantonale de Saint-Gall (SGKB/BCSG), cotée, se base pour cela sur un « examen indépendant, mené par PricewaterhouseCoopers (PwC), son réviseur externe », qu’elle a « délibérément choisi pour examiner ces accusations en toute impartialité », selon un communiqué publié mercredi par la SGKB.

Depuis la fin du mois d’octobre 2011, Hyposwiss est confrontée à des accusations de blanchiment d’argent, relayées par la presse, apparues dans le contexte d’une bataille juridique opposant deux hommes d’affaires russes pour le contrôle de l’entreprise de matières premières Norilsk Nickel, numéro un mondial du palladium et du nickel. Hans Bodmer, administrateur d’Hyposwiss dans le viseur, avait démissionné début novembre quelque mois après sa nomination.

RAPPORT REMIS A LA FINMA

PwC a contrôlé le respect des normes de droit pénal relatives au blanchiment d’argent sur la période allant du 1er juillet 2010 au 31 octobre 2011. Dans son rapport, le réviseur confirme l’absence de tout fait constitutif de blanchiment d’argent et relève qu’aucune obligation de déclaration ou règle liée à l’obligation de diligence faite aux banques (CDB) n’a été enfreinte, selon la banque cantonale.

La SGKB tient à souligner dans son communiqué que toutes les opérations effectuées au sein de son groupe bancaire répondent aux mêmes normes élevées de droit et de respect des règlements en vigueur.

Le rapport de PwC a été transmis à la FINMA, a indiqué en conférence téléphonique Roland Ledergerber, directeur général de la banque cantonale et président du conseil d’administration de la filiale Hyposwiss. L’Autorité de surveillance des marchés financiers doit se prononcer sur le cas. Les détails du rapport ne seront pas publiés, secret bancaire oblige, a précisé un porte-parole.

POSSIBLE POURSUITE DE LA PRESSION

La banque cantonale juge « possible que certaines parties accentuent leur pression sur les autorités d’instruction pénale ». Bien que Hyposwiss ne soit pas visée par la plainte en cours, l’institut « n’exclut pas que cette filiale soit à nouveau délibérément mise en avant par certains milieux concernés ».

La Banque Cantonale de Saint-Gall ne constate pas de reflux d’argent auprès de sa filiale Hyposwiss dans le cadre de reproches de blanchiment d’argent sale, a poursuivi en conférence téléphonique Roland Ledergerber.

M. Ledergerber a aussi défendu la nomination en juin 2011 du conseiller d’administration Hans Bodmer dans Hyposwiss, lui qui a donné sa démission en novembre dernier. Les transactions avec des entreprises russes n’ont rien à voir avec sa nomination. L’oligarque Oleg Deripaska a déposé une plainte contre Hyposwiss et M. Bodmer.

CONTRE-ATTAQUE RESERVEE

La SGKB se réserve le droit d’entamer des poursuites contre toute accusation infondée.

Dans le cadre de cette affaire, une plainte pénale avait été adressée en août au Ministère public de la Confédération et à la FINMA. Elle visait un milliardaire russe, principal actionnaire de Norilsk Nickel.

Selon SGKB, le Ministère public avait confirmé qu’il n’y avait pas lieu d’ouvrir d’enquête pénale ni contre elle ni contre Hyposwiss Private Bank. Il avait jugé infondées les accusations formulées à leur encontre.

OLEG DERIPASKA VERSUS VLADIMIR POTANIN

Pour rappel, Oleg Deripaska a déposé plainte pour blanchiment d’argent sale contre Hyposwiss Privatbank. En coulisse, une procédure entre Norilsk Nickel, Oleg Deripaska et Vladimir Potanin. Ce dernier détient, selon l’émission SF « Eco », officiellement un bon 25% de Norilsk Nickel. Rusa, contrôlé par M. Deripaska, en détient 25%. M. Deripaska siège au conseil d’administration de Norilsk Nickel.

En automne 2010, Norilsk Nickel a organisé la vente d’un gros bloc de ses actions propres au prix de 180 USD l’action, selon « Eco ». Peu de temps après, le groupe achète un même nombre d’actions au prix de 250 USD l’unité, à travers un programme de rachat d’action. Une transaction qui a fait perdre un milliard à Norilsk Nickel, et bénéficié d’autant les profiteurs de la transaction.

Plusieurs banques offshore ont participé à l’opération, dont Hyposwiss, qui réfute les soupçons, aussi envers AWP. Le compte auprès d’Hyposwiss, a été ouvert par un avocat zurichois proche de la société Interros, un véhicule d’investissement de Vladimir Potanin.

tt/mm/ats

(AWP / 21.12.2011 13h11)

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