Procès contre la Camorra : 16 peines de prison à perpétuité confirmées

Samedi 21 juin 2008

19/06/2008 18:33

NAPLES (AFP) - Procès contre la Camorra : 16 peines de prison à perpétuité confirmées

La cour d’assises d’appel de Naples (sud de l’Italie) a condamné jeudi à la perpétuité 16 membres du clan des Casalesi, le plus puissant de la Camorra napolitaine, dans le cadre du procès « Spartacus » rappelant le « maxi-procès » contre la mafia sicilienne.

La Cour réunie dans la prison bunker de Poggioreale, un quartier de Naples, a condamné 14 autres membres du clan à des peines allant de deux à trente ans de réclusion.

Elle a confirmé la peine de réclusion à perpétuité prononcée en première instance contre le chef présumé du clan Francesco « Sandokan » Schiavone, 55 ans, incarcéré depuis 1998 dans une prison de haute sécurité, et trois autres « boss », Francesco Bidognetti, Michele Zagaria et Antonio Iovine, ces deux derniers en fuite.

Seuls deux accusés, enfermés dans des « cages » au fond de la salle remplie de journalistes et de policiers, ont assisté à la lecture du verdict. Par mesure de sécurité, les autres ont eu connaissance de leur condamnation depuis leur prison où un système de vidéo-conférence avait été installé.

Le verdict de ce procès historique a été salué avec « une vive satisfaction » par le ministre de l’Intérieur Roberto Maroni et par l’ensemble de la classe politique.

Le procès « Spartacus » a été ponctué d’épisodes dramatiques : cinq personnes dont un entrepreneur ayant accepté de collaborer avec la justice ont été assassinées, un juge et deux journalistes ont été menacés en pleine audience.

Cette « stratégie de la terreur » pourrait se poursuivre après le procès afin de dissuader quiconque de se rebeller contre le pouvoir du clan, a déclaré à l’AFP l’ancien sénateur et membre de la commission parlementaire antimafia Lorenzo Diana.

Le verdict est « une victoire de la justice », a déclaré jeudi Roberto Saviano, auteur du livre « Gomorra » qui a fait connaître au grand public l’ampleur du phénomène de la Camorra.

Roberto Saviano, qui vit avec une escorte policière depuis 2006, était présent à la lecture du verdict « pour montrer (qu’il n’avait) pas peur ». Il a invité à ne « pas baisser la garde » dans la lutte contre la Camorra.

Les Casalesi, un cartel criminel enraciné à Casal di Principe, dans la province de Caserte, ont progressivement étendu leur emprise sur tout un territoire au prix d’une guerre qui a fait 1.000 morts en 30 ans.

Roberto Saviano a décrit les Casalesi comme « une confédération » de familles mafieuses formée « de chefs d’entreprise violents, de managers assassins, de bâtisseurs et de propriétaires terriens, chacun disposant de sa propre bande armée et tous liés par des intérêts économiques dans la plupart des secteurs ».

Selon son enquête, le pouvoir et les activités du clan dépassent les frontières italiennes pour s’étendre jusqu’en Europe de l’est et concernent aussi bien le trafic de drogue et d’armes, la prostitution, le racket, que le trafic de déchets toxiques, les travaux publics ou la grande distribution.

Le procès « Spartacus » est le plus important par le nombre d’accusés et la gravité des peines encourues, depuis le « maxi-procès » contre la mafia ouvert en 1986 à Palerme.

Plusieurs procès annexes à « Spartacus » sont encore en cours d’instruction, dont les enquêtes concernant les rapports du clan avec la politique et les entreprises légales.

Le premier procès en 2005, qui s’était tenu dans une quasi-indifférence, s’était conclu par 95 condamnations à de lourdes peines de prison, dont 21 à perpétuité.

Les personnes non concernées par le verdict de jeudi - qui visait uniquement des faits d’homicide - attendent en liberté leur procès en appel.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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