Pierre Pasqua « ne s’est enrichi que par sa filiation »

Mardi 23 octobre 2007 — Dernier ajout mardi 21 avril 2009

Pierre Pasqua « ne s’est enrichi que par sa filiation »

C’est ce qu’a déclaré le procureur au procès de la Sofremi, avant de réclamer deux ans ferme contre le fils de l’ancien ministre de l’Intérieur.

LIBERATION.FR : lundi 22 octobre 2007

Deux ans de prison ferme ont été requis lundi contre le fils unique de Charles Pasqua et un an ferme contre l’homme d’affaires Pierre Falcone, pour des détournements de fonds présumés en 1993-95 au préjudice de la Sofremi, un organisme dépendant du ministère de l’Intérieur.

Le procureur de la 12e chambre du tribunal correctionnel de Paris a requis trois ans d’emprisonnement dont un avec sursis et 300.000 euros d’amende contre Pierre-Philippe Pasqua, 59 ans, accusé d’avoir empoché près de 10 millions de F (1,5 million d’euros) de commissions occultes et qui « ne s’est enrichi que par le fruit de sa filiation ».

« C’est une honte pour ce pays que le fils d’un ministre d’Etat, autorité de tutelle d’une société publique, reçoive de celle-ci des millions de francs sans aucune contrepartie », a dénoncé le procureur Romain Victor.

Dénonçant un système « dévoyé » et « construit autour de la personne de Charles Pasqua », le représentant du ministère public a fustigé également l’attitude du ministre de l’Intérieur de l’époque, qui fait l’objet d’une instruction devant la Cour de justice de la République dans ce dossier.

Le parquet a requis trois ans d’emprisonnement dont deux avec sursis et 375.000 euros d’amende contre l’homme d’affaires Pierre Falcone, 53 ans, qui a servi « d’intermédiaire » au versement des commissions de la Sofremi, organisme chargé de vendre du matériel de police à l’étranger.

Servant d’apporteur d’affaires à la Sofremi, M. Falcone « était l’écran idéal » pour masquer les commissions indues qui étaient ensuite rétrocédées. Neuf personnes, dont des proches de Charles Pasqua, sont jugées pour abus de biens sociaux et recel dans ce dossier, qui porte sur un détournement présumé de 36 MF au préjudice de la Sofremi.

Le parquet a requis trois ans d’emprisonnement ferme et 300.000 euros d’amende contre Bernard Poussier, 62 ans, ancien directeur général adjoint de la société accusé d’avoir versé les commissions et d’en avoir perçu une partie (3,9 MF). Le procureur a dénoncé sa « corrosion complète du sens moral ».

Le PDG de l’époque, Bernard Dubois, 73 ans, a surtout fait preuve de « faiblesse de caractère » et s’est montré « irresponsable à la tête de la Sofremi » sans pour autant toucher un centime. Trois ans de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende ont été requis contre lui.

Huit mois avec sursis et 30.000 euros d’amende ont été demandés à l’encontre de l’ancien directeur financier, Nicolas Maroslavac, 42 ans.

L’ancien conseiller diplomatique de Charles Pasqua, Bernard Guillet, 62 ans, et à ce titre interlocuteur de la Sofremi au ministère de l’Intérieur, est accusé d’avoir perçu 600.000 F pour financer l’achat d’une maison. « Est-ce cela le sens de l’intérêt général ? » a demandé le procureur qui a requis 18 mois de prison dont 12 avec sursis et 100.000 euros d’amende.

En revanche, le parquet a demandé la relaxe des frères Iskandar et Akram Safa, hommes d’affaires libanais âgés respectivement de 52 et 48 ans, ainsi que de l’ancien préfet du Var Jean-Charles Marchiani, pour des commissions obtenues en échange d’un travail que l’accusation a jugé réel.

Le procès se poursuit lundi après-midi et jusqu’à mercredi avec les plaidoiries de la défense. Le jugement sera mis en délibéré.

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