Berezovski dit avoir porté plainte contre Abramovitch pour « chantage »

Jeudi 11 octobre 2007

Berezovski dit avoir porté plainte contre Abramovitch pour « chantage »

LONDRES - Boris Berezovski, milliardaire russe exilé en Grande-Bretagne, a affirmé jeudi à l’AFP avoir remis personnellement au magnat russe Roman Abramovitch une plainte l’accusant de s’être approprié illégalement des actifs d’une valeur de 5 milliards de livres (7,1 milliards d’euros).

M. Berezovski a indiqué que M. Abramovitch, propriétaire du club de football Chelsea, avait reçu la plainte samedi en main propre, comme l’exige la loi britannique, confirmant des informations parues dans le quotidien Evening Standard.

« Je l’ai rencontré par hasard à Londres, j’ai su qu’il se trouvait dans un magasin de Sloane street (…). J’ai pris les documents qui étaient dans ma voiture depuis six mois (…). Mes gardes bloquaient la porte pour que personne ne sorte » du magasin et « je lui ai tendu les documents », a raconté M. Berezovski par téléphone.

M. Berezovski a indiqué qu’il avait déposé sa plainte devant un tribunal londonien en mai, et qu’il cherchait depuis un moyen de remettre le document directement à Roman Abramovitch.

Le porte-parole de M. Abramovitch, joint par le quotidien, s’est refusé à tout commentaire.

"Dans cette plainte, je déclare que par une machination illégale, par voie de chantage« , Roman Abramovitch a fait avec la complicité du Kremlin »pression sur moi pour s’approprier ma propriété", a indiqué M. Berezovski.

Il a assuré qu’il avait dû, sous la pression, vendre à un prix sous-évalué ses parts dans la chaîne de télévision ORT, la compagnie pétrolière Sibneft et le groupe d’aluminium Rousski Alumini (actuellement Rusal).

La valeur des actifs doit encore être évaluée, mais il a estimé qu’elle représentait, avec les intérêts et des dommages, une somme « proche » de cinq milliards de livres (7,1 milliards d’euros).

Ancienne éminence grise du Kremlin sous Boris Eltsine, tombé en disgrâce avec l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, M. Berezovski a obtenu le statut de réfugié politique en Grande-Bretagne en 2003.

La plainte en justice citée par l’Evening Standard rapporte que Roman Abramovitch s’est rendu en 2000, peu après le départ de Russie de M. Berezovski, dans sa résidence du château de la Garoupe en France (sud) pour lui proposer une transaction.

Il lui aurait dit venir transmettre une demande du Kremlin selon laquelle il devait lui vendre ses 49% de la chaîne de télévision ORT, sans quoi cet actif serait saisi par l’Etat sans compensation.

Les années suivantes, Roman Abramovitch, un oligarque en bons termes avec le Kremlin, aurait encore fait pression sur M. Berezovski pour s’emparer de ses participations dans deux autres compagnies, Sibneft et Rusal, précise le journal en citant cette plainte.

Moscou a demandé à Londres à plusieurs reprises, mais sans succès, l’extradition de M. Berezovski, qui a fait fortune à la faveur des privatisations troubles des années 1990. Il est inculpé en Russie pour avoir appelé à un coup d’Etat et pour plusieurs malversations.

Londres a refusé jusqu’à présent d’accéder aux demandes russes d’extrader Boris Berezosvki, ce qui a contribué à dégrader les relations avec Moscou ces derniers mois.

M. Berezovski mène depuis Londres une campagne médiatique contre le régime du président Vladimir Poutine, qui s’est amplifiée depuis la mort par empoisonnement au polonium fin 2006 d’Alexandre Litvinenko, un proche du milliardaire qui était lui aussi réfugié à Londres.

SIBNEFT

(©AFP / 11 octobre 2007 19h23)

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Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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