Une énorme fuite révèle les dessous du monde offshore

Lundi 4 avril 2016

Une énorme fuite révèle les dessous du monde offshore Panama Papers

Les documents confidentiels révèlent que douze chefs d’Etat et de nombreux criminels se cachent derrière des sociétés offshore.

Par Le Matin Dimanche. Mis à jour à 20h39

C’est la plus grosse fuite de données de tous les temps : onze millions et demi d’emails, de courriers, d’extraits de comptes bancaires, datés entre 1977 et décembre 2015. Ils ont été transmis par une source anonyme à la SuddeutscheZeigung. Le journal les a ensuite partagés avec des médias partenaires du monde entier, dont Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung en Suisse. La fuite contient la quasi-totalité des archives et données informatiques d’une seule et même société : Mossack Fonseca. Il s’agit d’un prestataire de services offshore basé à Panama. D’où le nom : Panama Papers.

Ces derniers dévoilent les dessous du monde offshore : des montages financiers obscurs, utilisés parfois à des fins criminelles, comme le trafic de drogue, les crimes de guerre ou la prostitution de mineurs. Les documents révèlent aussi l’ampleur, insoupçonnée jusqu’à aujourd’hui, de l’utilisation de ces structures secrètes par des politiciens, des ministres ou des membres de régimes autoritaires. Au moins douze chefs d’Etat sont concernés. Parmi eux se trouvent par exemple le premier ministre islandais ou le président argentin.

Les sociétés-écrans, qui ne sont pas illégales en elles-mêmes, visent à garantir la confidentialité de certains transferts. Dans les faits, l’enquête menée pendant plusieurs mois par plus de 350 journalistes a permis de découvrir qui se cachait derrière les sociétés offshore et dans quel but. Le résultat est dévastateur. Rami Mahklouf, cousin de Bachar el-Assad et financier du régime syrien a pu profiter de l’anonymat des sociétés offshore pour contourner les sanctions internationales établies à son encontre depuis 2011. Son cas n’est pas isolé.

L’ancien premier ministre ukrainien, condamné pour blanchiment d’argent, un gouverneur du Nigéria, emprisonné pour avoir détourné 250 millions de dollars ou encore le fils du premier ministre malaisien, accusé d’avoir détourné 4 milliards de dollars, sont quelques exemples parmi d’autres de personnalités qui se sont servi des sociétés offshores à l’abri des regards de tous.

Ces structures sont aussi exploitées par des criminels plus ordinaires pour cacher de l’argent. Un homme d’affaire américain, accusé de trafic de mineurs et condamné à 8 ans de prison pour viols d’enfants, a pu continuer à tranquillement administrer sa société-écran depuis sa cellule. Une autre société a servi à livrer du kérosène aux forces aériennes syriennes bombardant les civils.

L’une des premières grandes révélations des Panama Papers concerne l’un des meilleurs amis de Poutine a touché des sommes considérables et exercé son influence sur des fleurons de l’économie russe. Le tout grâce à des sociétés offshore et des comptes bancaires suisses.

Découvrez l’enquête complète sur le site du Matin Dimanche dédié. (Le Matin).

Créé : 03.04.2016, 20h39

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