Trafigura économise 150 millions de francs d’impôts grâce à la Suisse

Samedi 5 juin 2010

Trafigura économise 150 millions de francs d’impôts grâce à la Suisse

Jean-Claude Péclet

Le groupe enregistré aux Pays-Bas a son principal domicile fiscal à Lucerne, où le taux est très avantageux.

Extraits de l’article mis en ligne sur le site du journal Le Temps :

Trafigura, un des trois principaux négociants globaux de pétrole et de minerais, a économisé quelque 150 millions de francs d’impôts l’an dernier en menant l’essentiel de ses activités depuis la Suisse (Lucerne et Genève) plutôt qu’aux Pays-Bas, où la société est enregistrée. C’est ce qui ressort d’un document financier confidentiel remis il y a quelques mois à des investisseurs potentiels, et dont Le Temps a eu copie.

Fondé en 1993 par Claude Dauphin et Eric de Turckheim, deux Français qui travaillaient précédemment pour le groupe Glencore de Marc Rich, Trafigura Beheer BV emploie aujourd’hui 1900 personnes dans 44 pays. En 2009, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 47,27 milliards de dollars et un bénéfice brut de 1,83 milliard de dollars. Elle a payé 111,5 millions de dollars d’impôts, selon le document « Financial highlights » de 60 pages distribué dans le cadre d’une levée de fonds sur le marché obligataire.

L’optimisation fiscale a toujours intéressé Claude Dauphin, cofondateur de Trafigura. Il a publié en 1998 Le Guide vraiment pratique des paradis fiscaux et déclarait alors aux Echos : « Un groupe d’une certaine taille ne peut grandir et faire face à la concurrence internationale s’il n’utilise pas les paradis fiscaux. »

Procès à Amsterdam

Claude Dauphin, qui a un domicile à Genève, a été interpellé en septembre 2006 à Abidjan et emprisonné plusieurs mois avec Jean-Pierre Valentini, suite au déversement illégal de résidus pétroliers par le Probo Koala. Trafigura a versé 200 millions de francs au gou­vernement ivoirien et quelque 50 millions de francs aux 30 000 Ivoiriens qui disent avoir été victimes des résidus toxiques déversés. La société a toujours nié farouchement tout lien entre ces déchets et la quinzaine de morts survenues peu après dans les quartiers concernés. Un groupe d’experts lui a donné raison en septembre 2009. Un procès se tient actuellement à Amsterdam, où le groupe est accusé d’avoir exporté illégalement ses résidus toxiques vers la Côte d’Ivoire et d’avoir ainsi « placé ses intérêts au-dessus de la santé des gens et de l’environnement ». Là aussi, Trafigura conteste vigoureusement les accusations, qui visent des employés subalternes du groupe, ainsi qu’Amsterdam Port Services. Lire la suite.

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