Ruée sur les fonds Ben Ali en Suisse

Jeudi 14 janvier 2021

Afrique

Ruée sur les fonds Ben Ali en Suisse

La course contre la montre est enclenchée : mardi à minuit, la Tunisie pourrait dire adieu à plus de 200 millions de francs détournés par le clan du défunt dictateur. Plusieurs voix demandent au Conseil fédéral d’agir

Marc Allgöwer, Mathieu Galtier à Tunis Publié jeudi 14 janvier 2021 à 15:44 Modifié jeudi 14 janvier 2021 à 16:25

Le 19 janvier 2011, cinq jours après la fuite de Zine el-Abidine Ben Ali, le Conseil fédéral émettait une ordonnance pour geler les avoirs de l’autocrate et de 36 de ses proches. Selon l’association Public Eye, ils auraient fait transiter 320 millions de dollars (284 millions de francs) par la place financière genevoise. Or les personnes listées par l’ordonnance pourraient récupérer le gros de cette somme à l’expiration, mardi à minuit, du gel administratif après un délai légal de dix ans.

Certes, une partie des fonds, évaluée à 60 millions de francs, a par la suite été bloquée sur ordre judiciaire et restera en sécurité quoi qu’il arrive. A ce jour, l’Etat tunisien en a récupéré 4,27 millions. « Ce sont des miettes ! » s’emporte Mounira Ayari, députée du Bloc démocratique (centre gauche) et représentante des Tunisiens de Suisse. Son parti a sollicité officiellement l’Assemblée fédérale dans une lettre datée du 11 janvier. Elle demande une prorogation du gel administratif et une aide accrue pour répertorier les avoirs du clan Ben Ali.

« Il y a eu une véritable faute de la Suisse à cause de son manque de transparence dans ce dossier », affirme l’élue et avocate. Ne se faisant guère d’illusion sur une extension, Mounira Ayari envisage de déposer un recours avec de nouvelles victimes de l’ancien régime pour relancer le blocage des fonds.

De l’autre côté de la Méditerranée, cette initiative parlementaire bénéficie de plusieurs relais. « Il ne faut pas qu’un dinar manque à l’Etat tunisien », insiste Omar Azzabi, élu vert à Genève. Au sein d’un collectif regroupant plusieurs associations, il a envoyé une missive au Conseil fédéral. S’il concède que la Tunisie n’a « pas suivi ce dossier avec toute la diligence requise », il se dit « scandalisé » par « l’absence de pressions des autorités sur les banques pour n’aboutir à l’identification que de 60 millions de francs d’avoirs mal acquis ». Lire la suite.

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