Pétrole/nourriture : BNP en ligne de mire

Vendredi 28 octobre 2005 — Dernier ajout samedi 23 juin 2007

Pétrole/nourriture : BNP en ligne de mire

Vendredi 28 octobre 2005

Les activités de la banque liée au programme de l’Onu en Irak ont soulevé des conflits d’intérêts potentiels selon le rapport d’enquête.

Les activités de BNP Paribas liées au programme pétrole contre nourriture de l’Onu en Irak ont soulevé des conflits d’intérêt potentiels, selon un rapport de la commission d’enquête indépendante publié jeudi 27 octobre, mais la banque conteste avoir négligé de réagir à la corruption qui entourait ce programme désormais caduc.

La BNP avait fait office de banque de dépôt chargée d’encaisser et de redistribuer les fonds provenant des transactions effectuées dans le cadre du programme qui visait à amoindrir l’impact des sanctions des Nations unies imposées à l’Irak après l’invasion du Koweït par Bagdad en 1990.

La banque française avait également émis des lettres de crédit pour l’acquisition de biens humanitaires et confirmé d’autres lettres de crédit émanant d’autres établissements pour le compte d’entreprises achetant du pétrole à l’Irak.

Transparence

Même s’il ne lui a pas été interdit d’émettre de telles lettres, cela pourrait avoir compromis les intérêts de la banque dans sa transparence vis-à-vis de son principal client - les Nations unies, montre le rapport.

« Si certains éléments des relations de la banque aux Nations unies font encore débat, il est évident que la BNP s’est trouvée empêchée de dévoiler complètement les informations de première main dont elle a eu connaissance au sujet de la véritable nature des relations financières qui ont encouragé le versement de surfacturations illicites », est-il écrit dans le rapport rédigé par une commission présidée par l’ancien patron de la Réserve fédérale Paul Volcker.

« La manière dont ce conflit d’intérêt en puissance a été résolu par la banque soulève des questions générales de responsabilité fiduciaire et de pertinence des mesures internationales prises pour s’attaquer au blanchiment d’argent et à la corruption des entreprises ».

BNP conteste

BNP Paribas conteste dans un communiqué les conclusions du rapport Volcker. « La banque (…) est en désaccord avec l’opinion de la Commission d’enquête indépendante selon laquelle la performance de la banque (dans le cadre) de l’Accord des services bancaires a été affaiblie par un manque de transparence ou un conflit d’intérêts », écrit-elle. La banque française rejette également une conclusion selon laquelle elle n’aurait pas contrôlé correctement les versements effectués au cours du programme « pétrole contre nourriture ».

« La banque (…) estime que toute suggestion selon laquelle des déficiences supposées dans son contrôle des versements ont contribué à des surfacturations illégales dans le cadre du programme est injustifiée ».

Le rapport Volcker, rappelle la banque, précise que rien ne prouve qu’elle connaissait ou avait approuvé l’utilisation de ses propres équipements pour payer des surfacturations illégales.

Au cours du programme, BNP a confirmé des lettres de crédit pour l’achat de pétrole et maintenu le compte dans lequel 64,2 milliards de dollars de recettes pétrolières ont été déposées. Soit directement, soit par le biais de filiales, BNP a émis des lettres de crédit pour des achats de biens humanitaires et des transactions pétrolières pour un total de 34,5 milliards de dollars.

© Le Nouvel Observateur

Publié avec l’aimable autorisation du Nouvel Observateur.

Visitez le site du Nouvel Observateur.

Revenir en haut