OpenLux : le registre des bénéficiaires, une transparence en trompe-l’œil

Lundi 8 février 2021

OpenLux : le registre des bénéficiaires, une transparence en trompe-l’œil

Par Anne Michel , Maxime Vaudano , Jérémie Baruch et Maxime Ferrer

Publié aujourd’hui à 06h00, mis à jour à 09h56

Enquête Malgré le satisfecit des autorités, l’enquête OpenLux révèle que près de la moitié des sociétés présentes dans les fichiers luxembourgeois n’ont pas dévoilé leurs propriétaires.

« Il s’agit d’un acte de transparence fort. » Dans les mots du ministère de la justice, la fierté est palpable. La mise en place du registre des bénéficiaires effectifs (RBE) est une étape-clé dans la quête de respectabilité du Luxembourg, un pays miné par les scandales fiscaux, taxé il y a encore quelques années d’« étoile noire de la finance ». En répertoriant les noms des véritables propriétaires de toutes les sociétés, le RBE doit en finir avec l’ère de l’opacité et des prête-noms.

Le Grand-Duché a été l’un des premiers pays européens à se conformer à la cinquième directive antiblanchiment, en créant ce registre le 1er septembre 2019. « Le Luxembourg est un des seuls pays de l’Union européenne ayant opté pour un registre complètement ouvert et accessible, sans aucune restriction au grand public. Les données peuvent être consultées gratuitement en ligne », vante le gouvernement luxembourgeois, fier d’avoir opté pour un modèle plus ouvert que Malte ou Chypre.

Alors que le Luxembourg assure que plus de 88 % des sociétés ont, à ce jour, respecté leurs obligations de transparence, la réalité révélée par OpenLux, la base de données inédite constituée par Le Monde à partir des documents du registre luxembourgeois, est moins reluisante : le RBE ne répertorie de véritables bénéficiaires que pour 52 % des sociétés, fonds d’investissement et fondations. Près de 68 000 entités n’ont, à l’inverse, aucun propriétaire identifiable à ce jour.

Parmi elles, quelque 26 000 sociétés ont tout simplement failli à leurs obligations de déclaration. Le Luxembourg Business Register (LBR), l’organisme public qui gère le registre, assure avoir déjà transmis, en janvier 2020, le dossier de 18 966 d’entre elles au parquet Lire la suite.

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