Le scandale Petrobras éclabousse Genève

Jeudi 12 mars 2015

corruption vendredi 13 mars 2015

Le scandale Petrobras éclabousse Genève

Par Sébastien Dubas

Une enquête pour blanchiment d’argent a été ouverte l’année dernière en Suisse. Au moins huit banques de la place auraient hébergé de l’argent issu de pots-de-vin au Brésil

Le scandale Petrobras, qui ébranle le Brésil, fait des vagues jusqu’à Genève. L’argent issu de la corruption, qui a gangrené la plus grande entreprise du pays durant plus d’une décennie, a fini en partie dans les coffres d’établissements de la place.

Voilà ce qui ressort de l’audition, fin novembre 2014, de Pedro José Barusco devant une délégation de la police fédérale brésilienne. L’ancien directeur de l’ingénierie au sein de Petrobras, l’une des pierres angulaires du système de corruption, s’est mis à table dans l’espoir de bénéficier des faveurs de la justice de son pays. L’annexe 21 de son audition, document confidentiel que Le Temps a pu se procurer, est entièrement dédiée aux comptes que lui et ses comparses ont utilisés pour cacher de l’argent en Suisse.

Parmi les établissements cités par Pedro José Barusco, on trouve la Banque Safra, HSBC, Royal Bank of Canada, la Banque Cramer, Lombard Odier, Pictet, Julius Baer et la banque PKB. En tout, une vingtaine de comptes au moins auraient été utilisés en Suisse pour un montant total avoisinant les 100 millions de dollars.

Dans les fichiers de HSBC, liés à l’opération SwissLeaks à laquelle Le Temps a participé, figure bien le nom de Pedro José Barusco, pour un compte ouvert en 1998 – soit un an avant le rachat de la banque Republic – et clôturé en mai 2005. Mais aussi celui de Paulo Roberto Costa, ex-directeur de l’approvisionnement du groupe pétrolier qui est, lui aussi, passé aux aveux fin 2014, ainsi que celui d’une troisième personne présentée comme étant un « consultant technique et directeur de Petrobras ».

Contactées, les banques mises en cause par Pedro José Barusco refusent de commenter une enquête en cours. Selon nos informations, l’une d’entre elles au moins a prévenu le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS) suite à des doutes concernant des transactions. Le Ministère public de la Confédération (MPC) confirme d’ailleurs avoir ouvert, le 11 avril 2014, une procédure pénale pour blanchiment d’argent suite à une annonce du MROS. « Les investigations n’étant pas encore achevées, nous ne sommes pas en mesure, en l’état actuel du dossier, de fournir de plus amples informations sur la procédure en cours », précise toutefois le MPC. Mercredi, le Ministère public fédéral du Brésil a cependant indiqué avoir fait bloquer, puis rapatrier, 45 millions de dollars qui se trouvaient sur des comptes en Suisse. Lire la suite sur le site du journal Le Temps.

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