Le discret business du propriétaire de Valeurs actuelles, l’hebdo de référence de l’ultra-droite

Mardi 1er octobre 2019

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Le discret business du propriétaire de Valeurs actuelles, l’hebdo de référence de l’ultra-droite

Par Rachel Knaebel 30 septembre 2019

Le magazine Valeurs actuelles suscite régulièrement la controverse par ses unes ultra-réactionnaires, louant la France chrétienne, Eric Zemmour ou les droites extrêmes européennes, stigmatisant en vrac les migrants, l’islam, le féminisme, les fonctionnaires ou l’écologie. Mais au fait, qui est son propriétaire et avec qui fait-il des affaires ?

Dans la série « les milliardaires qui possèdent la presse française », il y a les connus – les Arnault, Bolloré ou Niel – et les discrets [1] comme Iskandar Safa. Franco-libanais, issu de la communauté chrétienne libanaise, il fait partie des 100 plus grosses fortunes de France, et détient l’hebdomadaire réactionnaire et d’ultra-droite Valeurs actuelles. Il a également tenté de racheter cet été le quotidien régional Nice-Matin, bataillant avec Xavier Niel pour finalement jeter l’éponge [2].

Iskandar Safa possède notamment plusieurs chantiers navals, en France, en Allemagne et à Abu Dhabi, où sont construits des yachts de luxe et des navires militaires légers. Il a acquis en 2015 le magazine Valeurs actuelles, auparavant détenu par le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, en faisant équipe avec Étienne Mougeotte et Charles Villeneuve, tous les deux anciens de TF1. Le trio avait déjà tenté, alors, de racheter Nice-Matin.

[…] Environ 750 millions d’euros de contrats militaires avec l’Arabie Saoudite

L’industrie de l’armement est justement l’un des secteurs dans lesquels Iskandar Safa a édifié son empire industriel. L’homme est connu en France pour avoir joué un rôle de négociateur pour libérer des otages français au Liban dans les années 1980 [6].

En 1992, avec la holding Privinvest, dont il est le PDG et dont le siège social est à Beyrouth, il rachète les Constructions mécaniques de Normandie (CMN) et ses chantiers navals de Cherbourg. CMN produit des yachts, et des navires militaires – de petits intercepteurs ou des corvettes. Au moment de leur rachat par Safa, les chantiers navals de CMN sont en difficulté. En 1998, l’entreprise obtient un contrat avec le Koweït, pour des patrouilleurs lance-missiles. Puis en 2003, avec les Émirats arabes unis pour des corvettes "Baynunah", de quoi « alimenter un carnet de commandes peu fourni, alors même que l’entreprise connaissait d’importantes difficultés, accumulant des dettes sociales et fiscales », souligne un an plus tard un rapport parlementaire. La première de ces corvettes est livrée aux Émirats en 2009.

Puis sont venus les contrats avec l’Arabie Saoudite : pour la vente de trois patrouilleurs en 2015, pour 250 millions d’euros [7]. Les marchés de l’armement étant extrêmement politiques, le contrat n’est entré en vigueur que début 2018 [8]. Les bateaux sont aujourd’hui en cours de fabrication. Toujours en 2018, un autre gros contrat est signé entre les chantiers navals de Cherbourg et l’Arabie Saoudite : CMN produira 39 navires intercepteurs, pour un montant d’environ 500 millions d’euros. Lire la suite.

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