La mafia, dealer de la démocratie

Mardi 18 décembre 2012

La mafia, dealer de la démocratie

Le Point.fr - Publié le 17/12/2012 à 15:58 - Modifié le 17/12/2012 à 16:04

Dans « Un pouvoir invisible », essai qui se lit comme John le Carré, Jacques de Saint-Victor lève le voile sur les nébuleuses mafieuses.

Propos recueillis par Marine de Tilly

Le Point.fr : Depuis la chute du Mur et la fin des dictatures de l’Est, la mafia semble aller de mieux en mieux. Aurait-elle « besoin » de la démocratie pour prospérer ?

Jacques de Saint-Victor* : La mafia est née avec notre modernité capitaliste libérale ; la démocratie lui a permis de prospérer à partir de la fin du XIXe siècle, d’abord en Italie et aux États-Unis. Les clans criminels sont très bien placés pour exploiter le jeu électoral : ils « contrôlent » des territoires et disposent de « voix » qu’ils monnayent à certains élus. Heureusement, la mafia n’est pas consubstantielle à la démocratie ; d’ailleurs, la Grande-Bretagne ou la France l’ont ignorée au XIXe siècle. Pour qu’elle puisse prospérer, il faut, au-delà du folklore, un certain nombre de conditions politiques et économiques, en particulier un État faible ou modeste, laissant un espace vide pour la « main invisible » du crime. Si, en outre, la démocratie est en crise, comme c’est le cas aujourd’hui avec la mondialisation, alors, un système politique fatigué, reposant de plus en plus sur des logiques clientélistes, est le meilleur vecteur du système mafieux. Lire la suite.

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