L’opposant kazakh Abliazov inculpé en France pour des soupçons de fraude dans son pays

Jeudi 8 octobre 2020

L’opposant kazakh Abliazov inculpé en France pour des soupçons de fraude dans son pays

7 oct. 2020 Par Agence France-Presse

  • Mediapart.fr

L’opposant kazakh Moukhtar Abliazov, en exil en France depuis 2013 et depuis peu réfugié politique, a été inculpé mercredi à Paris pour un détournement de 6,4 milliards d’euros dont l’accuse le Kazakhstan, a annoncé un de ses avocats.

L’opposant kazakh Moukhtar Abliazov, en exil en France depuis 2013 et depuis peu réfugié politique, a été inculpé mercredi à Paris pour un détournement de 6,4 milliards d’euros dont l’accuse le Kazakhstan, a annoncé un de ses avocats.

Selon cet avocat, Gérard Tcholakian, M. Abliazov a été mis en examen pour « abus de confiance aggravé » et « blanchiment aggravé ». Il a été libéré sous contrôle judiciaire.

« Le parquet de Paris a repris une plainte du Kazakhstan qu’il aurait pu refuser de prendre en compte et a bêtement saisi un juge d’instruction français », a-t-il déploré.

« Le Kazakhstan ne me lâchera jamais jusqu’à ma mort. Il m’a donné un coup, mais ça me donne envie d’aller plus vite pour attaquer le régime », a réagi auprès de l’AFP M. Abliazov, 57 ans, interpellé lundi et présenté à un juge d’instruction à l’issue de deux jours de garde à vue.

Le gouvernement kazakh avait déposé plainte à Paris en 2017 à l’encontre de l’ancien oligarque, l’accusant d’avoir détourné plus de 6,4 milliards d’euros au préjudice de la banque kazakhe BTA dont il était le PDG avant sa nationalisation en 2009. Il aurait aussi accordé des prêts sans garantie à des sociétés écrans dont il était le bénéficiaire.

En 2016, le Conseil d’Etat avait refusé son extradition, estimant qu’elle avait été réclamée « dans un but politique ».

M. Abliazov, ennemi politique de Noursoultan Nazarbaïev, homme fort du pays resté trois décennies au pouvoir, avait fui son pays pour l’Angleterre puis la France en 2013, où il avait été arrêté.

Pour déposer plainte, les autorités kazakhes s’étaient appuyées sur une disposition du code pénal français qui prévoit qu’un tribunal peut juger un étranger, dont l’extradition a été refusée pour des motifs politiques, pour un crime ou un délit commis hors de l’Hexagone.

En 2017, l’opposant a été condamné au Kazakhstan, en son absence, à 20 ans de prison dans cette affaire de détournement de fonds. Il a aussi été condamné pour avoir commandité le meurtre d’un associé en affaires en 2004, alors que l’enquête initiale avait conclu à un accident de chasse.

La Cour nationale du droit d’asile (CNDA) lui a accordé le 29 septembre le statut de réfugié politique en France, estimant que les accusations contre M. Abliazov avaient un « mobile politique ».

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