L’ombre d’un oligarque russe sur le Centre Pompidou

Samedi 30 avril 2022

Culture Arts

L’ombre d’un oligarque russe sur le Centre Pompidou

L’institution parisienne a reçu 1,3 million d’euros de la fondation de Vladimir Potanine, deuxième fortune de Russie. Un financement qui suscite l’embarras dans le contexte de guerre en Ukraine

Par Aureliano Tonet Publié aujourd’hui à 11h53

De passage à Paris, il y a quelques années, Vladimir Medinski visite incognito le Centre Pompidou. Le ministre de la culture russe, en poste de 2012 à 2020, fait la moue. A l’occasion de leur récente acquisition par le Musée national d’art moderne, plusieurs centaines d’œuvres de ses compatriotes y sont exposées. Parmi elles, une photographie du duo moscovite Blue Noses, datant de 2005, montre deux soldats s’embrassant à pleine bouche, dans une forêt de bouleaux. Non loin figure une reproduction du mausolée de Lénine, réalisée en 2008 par Yuri Avvakumov, avec des dominos. Pas vraiment au goût du propagandiste en chef : « Heureusement que nous sommes débarrassés de toute cette merde ! », maugrée Medinski – il chapeaute aujourd’hui la délégation russe chargée de négocier la paix avec les Ukrainiens.

Amorcée en 2015, cette collaboration a permis au Centre Pompidou d’acquérir près de 550 œuvres, conçues par des artistes russes ou soviétiques

Depuis le début de la guerre, le 24 février, cette collection suscite aussi l’embarras des équipes du centre d’art contemporain français. Car elle a été constituée avec l’aide de la Fondation Potanine, dirigée par le deuxième homme le plus riche de Russie selon le magazine Forbes, l’oligarque Vladimir Potanine. Amorcée en 2015, cette collaboration a permis au Centre Pompidou d’acquérir près de 550 œuvres, conçues par des artistes russes ou soviétiques, entre les années 1950 et 2000. Certaines ont été offertes par la Fondation Potanine, les autres par une quarantaine de donateurs – collectionneurs privés, artistes, héritiers… La plupart ont été exposées au quatrième étage du bâtiment parisien, dans le cadre d’un parcours intitulé « Kollektsia ! Art contemporain en URSS et en Russie 1950-2000 », de septembre 2016 à avril 2017. Lire la suite.

Revenir en haut