L’héritage empoisonné de Metaleurop

Mercredi 3 août 2022

Planète Pollutions

Saturnisme, potagers toxiques… L’héritage empoisonné de Metaleurop, la plus grande fonderie de plomb et de zinc d’Europe fermée il y a dix-neuf ans

Par Florence Traullé (Evin-Malmaison (Pas-de-Calais), envoyée spéciale) Publié aujourd’hui à 05h30, mis à jour à 15h51

Reportage Des analyses indépendantes de sols, de légumes et de cheveux issus de la commune d’Evin-Malmaison, voisine de l’ancien site de la fonderie, montrent un niveau de plomb parfois supérieur à 91 fois la norme. La préfecture du Pas-de-Calais lance une nouvelle campagne de dépistage du saturnisme.

Sur la vitrine du Cyrano, le seul café encore en activité d’Evin-Malmaison (Pas-de-Calais), ainsi que sur les façades de la pharmacie et de la mairie, des affichettes invitent les habitants ayant des enfants et les femmes enceintes à se faire dépister pour vérifier le taux de plomb dans leur sang. La commune de 4 600 habitants est voisine de l’ancien site de Metaleurop, qui fut la plus grande fonderie de plomb et de zinc d’Europe. Dix-neuf ans après sa fermeture, l’usine continue d’empoisonner le territoire (qui se trouvait sous les vents dominants en permanence), tout comme ceux de Noyelles-Godault et de Courcelles-lès-Lens, au cœur de l’ancien bassin minier. Ici, on a longtemps fermé les yeux sur la pollution des sols et de l’air. Du temps où la fonderie tournait, même les syndicats de ce site classé Seveso 2 éludaient le sujet.

Fin avril, la révélation des résultats de prélèvements effectués sur des légumes et les cheveux de vingt-neuf enfants et vingt et un adultes d’Evin-Malmaison pour les besoins d’un documentaire, réalisé pour France 5 par le journaliste Martin Boudot, a provoqué un électrochoc. Des feuilles de thym issues de potagers de la commune présentent un niveau de plomb supérieur à 91 fois la norme, ont ainsi révélé les analyses du laboratoire de biologie médicale de l’hôpital Lariboisière (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Pour les poireaux, c’est 80 fois.

Les tests sur les cheveux, réalisés avec un laboratoire de toxicologie environnementale canadien, confirment la présence de plomb dans les bulbes capillaires et dans le premier centimètre après la racine des cheveux prélevés. Sur le site même de l’ancienne fonderie, aujourd’hui exploité par Suez Environnement, qui y a installé un centre de recyclage de déchets, les analyses montrent que la concentration en plomb est 774 fois supérieure au seuil obligeant à procéder à l’évacuation des terres sur 50 centimètres de profondeur (300 mg/kg). A Evin-Malmaison (Pas-de-Calais), le 30 juin 2022. Lire la suite.

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