Juncker demande un rebranding de LuxLeaks

Jeudi 17 septembre 2015

Juncker demande un rebranding de LuxLeaks

aujourd’hui 15:26 Par Véronique Poujol

Jean-Claude Juncker a passé jeudi matin son oral devant les membres des commissions « taxe » et « économique et monétaire » du Parlement européen. Le président de la Commission a demandé aux eurodéputés de changer leur terminologie et de préférer « EULeaks » à « LuxLeaks ».

[…] En règle générale, les rencontres entre exécutif et législatif de l’UE se font soit devant la conférence de présidents, soit en assemblée plénière. Jean-Claude Juncker a pourtant jugé « normal » d’honorer un rendez-vous qui aurait déjà dû avoir lieu en juillet (la crise grecque avait repoussé le rendez-vous à la rentrée de septembre) devant les membres de deux commissions du Parlement européen : la commission spéciale taxe et la commission économique et monétaire (Econ).

Le président de la Commission européenne était surtout attendu sur le rôle qu’il a joué dans la mise en place des pratiques d’optimisation fiscale lorsqu’il était à la tête du gouvernement luxembourgeois. Le député des Verts Sven Giegold n’a pas manqué de le cuisiner sur son rôle « dans la mise en place du paradis fiscal », en lui faisant d’ailleurs remarquer qu’en 1989, année où il est devenu ministre des Finances, les bénéfices des entreprises américaines réalisés à l’étranger étaient de 0 au Luxembourg et qu’ils ont atteint les 10% en 2012, lorsque Juncker était encore Premier ministre.

Ne pas réduire le problème au Luxembourg

« Je ne découvre pas la fiscalité » a-t-il admis sur le ton de l’humour noir en s’adressant directement à des députés du groupe des Verts qui comptent parmi ses principaux contradicteurs.

Toutefois Juncker n’a pas formulé la moindre concession sur des fautes éventuelles dans sa conduite de la politique fiscale luxembourgeoise pendant plus de 20 ans. Il refuse de porter à lui seul le fardeau, martelant que la pratique des rulings était loin d’être une spécialité luxembourgeoise et qu’elle s’étendait à l’ensemble des États membres de l’UE.

« Il ne faut pas réduire le problème au Luxembourg (…). Vous devez changer votre terminologie », a-t-il déclaré, « et parler d’’EULeaks’ plutôt que de ’LuxLeaks’. »

La co-rapporteuse de la commission taxe, la socialiste portugaise Elisa Ferreira, ne l’a pas contredit : « Les accusations se sont confirmées à propos de LuxLeaks. Et il se confirme aussi que la pratique était généralisée dans l’UE », a-t-elle déclaré.

[…] Rapport Krecké : pas reçu ni vu la page

L’eurodéputé allemand de Die Linke, Fabio de Masi, est revenu à la charge sur le mystère de la page manquante du rapport de 1997 de Jeannot Krecké (alors simple député socialiste) sur la fraude fiscale au Luxembourg, page qui portait précisément sur les tax rulings. Juncker a assuré ne pas avoir vu ni reçu cette page sensible du rapport, qui avait été publié peu avant la présidence luxembourgeoise de l’UE. Le gouvernement n’a pas non plus exigé que cette page ne soit pas annexée au rapport, a-t-il précisé, expliquant qu’il n’était pas nécessaire des faire les caves et les archives du ministère pour se procurer le chaînon manquant du rapport. Juncker a suggéré à la commission taxe de faire venir Jeannot Krecké pour en connaître le contenu. Lire la suite sur le site du journal Paperjam.

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