Guérini : un dossier « mafieux » à l’origine de la nouvelle demande de levée d’immunité

Mardi 27 novembre 2012

Guérini : un dossier « mafieux » à l’origine de la nouvelle demande de levée d’immunité

La nouvelle demande de levée de l’immunité parlementaire du sénateur PS Jean-Noël Guérini vise à le placer en garde en vue pour l’interroger sur un dossier à « caractère mafieux », est-il écrit dans le document que l’AFP a pu consulter mardi.

« Compte tenu de la gravité de l’affaire, de sa très grande complexité et du caractère mafieux de l’organisation mise à jour », le juge Charles Duchaine souhaite pouvoir entendre le président du conseil général des Bouches-du-Rhône sous le régime de la garde à vue, mais n’envisage « aucune mesure de détention ou de contrôle judiciaire » à l’issue, selon la même source.

Cette demande, révélée par France 3 le 12 novembre et que le Sénat devrait examiner le 12 décembre, ajoute qu’il existe « une ou plusieurs raisons plausibles » de soupçonner M. Guérini d’avoir commis les délits de corruption passive, trafic d’influence et association de malfaiteurs.

Elle concerne une information judiciaire parallèle à celle qui a valu à M. Guérini d’être mis en examen le 8 septembre 2011 - et qui a débouché sur une première levée de son immunité parlementaire en mars après qu’il eut refusé, un temps, de répondre aux questions du magistrat.

Ce dossier connexe porte sur des entreprises ayant remporté des marchés publics « dans des conditions suspectes » auprès de collectivités dont le conseil général des Bouches-du-Rhône. Il a déjà donné lieu à la mise en examen de gérants de sociétés, d’élus et de fonctionnaires, pour des faits présumés de détournement de fonds publics, d’abus de biens sociaux, de blanchiment et d’association de malfaiteurs.

Ce dossier est plus vaste que celui dans lequel l’élu est déjà mis en cause aux côtés de son frère Alexandre, patron de décharges. Il est aussi, potentiellement, plus explosif, car il recèle des liens avec le grand banditisme évoqués, dès son origine il y a trois ans, autour de l’affaire Guérini.

Au cœur de l’affaire figure un homme, Patrick Boudemaghe, « dirigeant de droit ou de fait » des sociétés incriminées et « bénéficiaire » des fruits de leur activité, c’est-à-dire de l’argent des marchés publics détourné à l’étranger, de Gibraltar à Panama en passant par le Luxembourg.

Or, pour la justice, M. Boudemaghe, arrêté en Espagne fin 2010, « n’agissait pas seulement pour son propre compte, mais appartenait à un groupement formé par, et autour, d’Alexandre Guérini ».

Ce groupement « permanent » incluait en outre, selon le juge, Bernard Barresi, « malfaiteur notoire » vivant sous de fausses identités, arrêté en juin 2010 sur la côte d’Azur après 18 ans de cavale. Recherché pour l’attaque d’un fourgon bancaire à Mulhouse en 1990, il fut acquitté en mars aux assises de Colmar. Sa compagne gérait depuis Gardanne, entre Aix et Marseille, une société de sécurité qui contractait notamment avec le département.

Le trio Boudemaghe-Guérini-Barresi aurait eu recours à des pots-de-vin pour décrocher ou faire obtenir des marchés publics (fournitures de matériel, chantiers de BTP et d’entretien, gardiennage, construction de maisons de retraite, etc.) auprès des conseils généraux des Bouches-du-Rhône et de Haute-Corse, ainsi que de l’agglomération de Salon-de-Provence.

Quant au rôle de Jean-Noël Guérini, il est « difficile à cerner et surtout à critiquer », reconnaît le juge. Mais il aurait assuré de façon « systématique » le succès des entreprises de son frère et de ses amis « par ses interventions influentes, ses actions ou ses abstentions », dénoncées aux enquêteurs par d’anciens collaborateurs.

AFP 27/11/2012

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